Dans les brumes de Capelans - Olivier Norek

Je n’avais pas entendu que de bons retours sur "Dans les brumes de Capelans" et pourtant, j’avais hâte de le découvrir, car je savais que j’allais y retrouver le personnage de Victor Coste dont j’avais adoré suivre les aventures pas le passé. Et je dois dire que pour ma part, ce furent des retrouvailles plutôt réussies. Sincèrement, j’ai beaucoup aimé ce roman. Ce n’est pas un coup de cœur et il est certainement perfectible, mais ce n’en fut pas moins une très bonne lecture.

Pourtant, dans un premier temps, je fus un peu déstabilisée, non seulement par le style, mais aussi le rythme du roman. En effet, contrairement à ses titres précédents, j’avais la sensation que dans celui-ci, Olivier Norek avait un peu plus travaillé sa plume, l’avait un peu plus complexifié. Du coup, l’écriture était peut-être un peu moins fluide, un peu moins facile, mais au fond, peut-être un peu plus intéressante aussi. Et puis, je fus vraiment surprise par le rythme. J’avais le souvenir de romans très rythmés dans les trois précédents tomes de la saga Coste. En même temps, l’inspecteur en question était un flic qui vivait une vie à 100 à l’heure, dans l’action permanente du quotidien d’un enquêteur de police donc en toute logique, le rythme du récit ne pouvait que se calquer sur cette vitesse à toute épreuve. Alors que dans "Dans les brumes de Capelans" on est dans tout autre chose. La vie de Coste n’est plus la même et a plutôt bien ralenti et ça se ressent dans l’histoire même puisque le récit prend beaucoup plus son temps.

C’est déstabilisant quand on a déjà lu l’auteur, mais ça n’est pas désagréable pour autant. J’aime parfois lire des romans page turner, mais j’aime aussi ceux qui savent prendre leur temps. En tout cas quand c’est fait pour de bonnes raisons. Et là, pour moi, les raisons principales étaient de travailler l’ambiance globale et la psychologie des personnages, deux points qui pour moi résument très bien ce titre.

Tout d’abord, j’ai adoré l’ambiance puisqu’en grande majorité, cette histoire se déroule à Saint-Pierre-et-Miquelon, sur l'île de Saint-Pierre, un petit bout de territoire français que je ne connais que vaguement et que j'ai adoré découvrir plus en profondeur. Olivier Norek a parfaitement su me transporter sur ce petit bout de terre. J’avais l’impression de visualiser les paysages, de respirer les embruns, de ressentir le côté perdu et unique de cette île. Vraiment, je crois que le côté dépaysant et le fait d’en apprendre plus sur cette île sont ce qui m’a le plus plut dans ce roman.

En plus de ça, contrairement à ses romans précédents, si l’histoire était moins dans l’action (attention, on ne s’ennuie pas pour autant) la psychologie des personnages était elle beaucoup plus poussée. Que ce soit celle de Coste, de la jeune Mercredi ou encore celle d’Anna et de son kidnappeur, l’auteur a pris le temps de construire ses personnages et surtout d’exposer leurs pensées, leurs faiblesses, leurs fêlures. Dans ce titre, Olivier Norek aborde la complexité de la psychologie humaine et il nous pose à nous lecteurs, certaines questions d’ordre éthique et moral. Qu’aurions-nous fait à la place de certains personnages ? Chacun répondra avec sa morale et son bagage. Norek, lui, se contente de faire répondre ses personnage et c’est déjà pas mal.

Alors je préviens, oui "Dans les brumes de Capelans" est un tome 4 et oui l’auteur revient sur certains éléments des tomes précédents, mais il le fait de façon assez intelligente pour que cela ne spoile pas pour autant les autres tomes. L’histoire est intéressante. Je trouve que l’auteur a tenté autre chose ou plutôt qu’il a continué à prendre le virage qu’il a amorcé ces dernières années à savoir, écrire des romans policiers qui soient moins classiques et moins centrés sur le côté flic et un peu plus sur le côté humain.

Malgré tout, ce roman ne sera pas un coup de cœur parce que malheureusement, j’avais vu venir certains éléments finaux. J’aurais aimé être vraiment surprise par le dénouement, mais ce ne fut pas le cas. Ceci dit, je commence à avoir un certain bagage de lecture en matière de thrillers et romans policiers donc ceci explique peut-être cela. De plus, j’ai trouvé que l’auteur s’était pas mal inspiré du duo Fourniret/Olivier (il le cite d’ailleurs clairement à un moment dans le livre.) et cela transpirait un peu trop à mon goût. J’aurais aimé que l’auteur prenne un peu plus ses distances par rapport à ce fait divers ou qu’il réécrive ce qui l’avait inspiré différemment.

"Dans les brumes de Capelans" est donc un roman assez différent des romans habituels de l’auteur, mais qui n’en reste pas moins addictif à sa façon. C’est une lecture que j’ai vraiment aimée et que j’ai fait assez rapidement tant cette histoire et toute la brume et le mystère qui la composent m’intriguaient. Un polar avec une grosse part de psychologie et une ambiance très bien travaillée qui me donne envie de relire Olivier Norek avec plaisir ! Un beau contraste avec la déception qu’avait été pour moi "Impact". Je renoue enfin avec cet auteur que j’ai tant apprécié par le passé.