De cendres et de larmes - Sophie Loubière

J’ai eu un joli coup de cœur pour "Cinq cartes brûlées" de Sophie Loubière il y a peu de temps et j’avais donc envie de retrouver son univers entre roman contemporain et roman noir. Malheureusement, "De cendres et de larmes" est loin d’être aussi abouti. 

Le sentiment général que j’ai eu à la lecture de ce roman, c’est que l’auteure a voulu mêler plusieurs idées qui prises à part auraient pu donner lieu à de bons romans, mais qui mises toutes ensembles ne fonctionnaient pas. Ma lecture ne fut pas désagréable loin de là, mais "De cendres et de larmes" est de ces livres que l’on lit sans exaltation et qu’on oublie très rapidement. 

J’ai pourtant bien aimé le fait que la famille vive dans un endroit particulier, dans cette maison à l’intérieur d’un cimetière avec toutes les règles et les bizarreries de vie que cela entraîne. J’ai aussi beaucoup aimé que la maman soit cheffe dans une unité de pompiers de Paris. Au départ, je trouvais que le cœur du roman était cette dichotomie entre le travail du père qui s’occupe des morts et celui de la mère qui s’occupe des vivants. Et je trouvais cela super. Et puis est ensuite venu se greffer d’autres éléments : une fillette sans papiers, des histoires d’esprit, une passion pour l’art qui rejaillit et cette maison qui semble vivante et vouloir du mal à toute la famille. Et pour moi, la mayonnaise n’a pas pris. L’ensemble manquait de liant et d’unité. 

La thématique de la maison comme personnage à part entière a déjà été souvent exploitée et pour moi, Sophie Loubière a manqué d’originalité et de force dans son propos. Le côté angoissant de cette maison est trop timide à mon goût et parfois, on était presque dans le grotesque. L’espèce de folie qui semble s’emparer du père n’est pas inintéressante du tout. Le problème, c’est que je ne me suis pas du tout attaché à ce personnage. Par moments, il m’était même totalement antipathique. Finalement, les personnages que j’ai vraiment appréciés, ce sont les trois enfants, imparfaits mais terriblement attachants, coincés entre des parents parfois paumés ou absents, mais qui malgré tout font front ensemble. 

En fait, pour moi "De cendres et de larmes" est une boîte plutôt joliment décorée, mais qui manque de contenu. Je reconnais une fois de plus cette habitude de Sophie Loubière de vouloir mettre en scène des gens lambdas au cœur de leur quotidien et d’amener le lecteur à douter de la véracité de ce qu’il lit, mais je trouve qu’elle a beaucoup plus réussi cela dans "L’enfant aux cailloux" et dans "Cinq cartes brûlées". Rien de comparable avec ce roman-ci, vraiment. 

Je pense que cela vient du fait que dans les deux romans précédemment cités, on a une vraie noirceur qui s’installe petit à petit alors que dans "De cendres et de larmes" j’ai eu le sentiment d’une sorte de noirceur feinte. Comme si l’auteure avait été trop timide et n’avait pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de son idée. 

Un roman contemporain pas désagréable donc, mais dont je ne garderai je pense que très peu de souvenirs. Si vous souhaitez découvrir Sophie Loubière, ce n’est donc pas celui-ci que je vous recommanderai. Malgré tout, c’est une auteure que je continuerai à lire.