Désordre - Penny Hancock

"Désordre" est encore un roman victime du combo livre sur vendu et grosses attentes personnelles et du coup, ce fut une petite déception. Ce roman me faisait extrêmement envie. Un livre décrit comme un roman noir, psychologique, en huis clos, avec un gros retournement d situation final. Pour ma part, je serais beaucoup plus nuancée sur ces différents points.

"Désordre" était donc le premier roman de Penny Hancock que je lisais et concernant la plume en elle-même, je l'ai trouvé assez agréable. Une plume finalement plutôt classique, sans grande originalité, mais qui sait instaurer une ambiance et qui est à la portée de tous les lecteurs.

J'étais heureuse de découvrir que l'histoire se passe à Londres, une ville que j'adore et qui me fait rêver même si ici, l'auteure n'hésite pas à décrire Londres sous un jour moins reluisant, moins vendeur que ce que l'on a l'habitude d'en entendre. En effet, tout l'intrigue se déroule autour de la Tamise et c'est ce fleuve, véritablement personnage à part entière pour moi, qui apporte à ce roman son ambiance sombre, poisseuse lourde et inquiétante. Ah, ça, l'ambiance pesante était réussie, c'est certain !

Bien sûr, Penny Hancock sait aussi manier son suspense. Le récit est principalement écrit à la première personne du point de vue de Sonia, cette femme d'une quarantaine d'années qui va retenir captif le jeune Jez. Cela permet du coup très facilement d'entrer dans sa tête même si ses pensées et donc le récit, sont souvent fragmentés et nébuleux afin de garder le suspense le plus longtemps possible. Et puis les chapitres la concernant sont enrichis de souvenirs d'enfance et d'adolescence qui tentent d'apporter la lumière sur certains de ses agissements présents.

On a également dans ce roman des chapitres qui concernent son amie Helen, qui nous permettent de suivre l'enquête sur les recherches de Jez. Enfin, quand je dis suivre, c'est vraiment de très très loin. En effet, on est très peu confrontés aux enquêteurs et pour moi, ces chapitres servent plutôt à explorer deux thématiques qui sont l'alcoolisme au féminin et les relations entre sœurs. Deux thématiques qui j'ai trouvé hyper intéressantes et que j'aurais aimé voir plus développées.

Le personnage d'Helen est complexe et était pour moi presque plus intéressant, car je l'ai trouvé profondément réaliste dans toute sa complexité, sa noirceur, ses angoisses, le tout sous des apparences de mère de famille lambda londonienne. Pour ce qui est des personnages complexes, bien sûr Sonia l'est également, mais j'ai bizarrement moins accroché avec elle. Peut-être parce que certains aspects et certains actes de ce personnage m'ont semblé moins crédibles, moins réalistes. Du coup, j'avais plus de mal à m'attacher à elle, à l'imaginer et à croire à son histoire.

Concernant l'histoire d'ailleurs, je m'attendais à un vrai huis clos, un face-à-face entre Jez et Sonia. Ce n'est finalement pas tout à fait le cas et pour ceux qui seraient rebutés par les abus sexuels, vous pouvez y aller ! Il n'y en a pas ! Pour ce qui est du gros twist final que l'on m'avait vendu, malheureusement, je l'ai vu arriver donc pas d'effet "Wahou" pour ma part.

Alors, oui, cette fin ouvre sur d'autres thématiques intéressantes et taboues, mais du coup, la thématique en question n'est pas développée et c'est dommage. En fait, à la fin de "Désordre", il m'a manqué un petit quelque chose en plus et de façon générale, j'aurais aimé que la psychologie soit plus développée. Dans l'ensemble, ce roman est un bon livre et j'ai passé un assez bon moment de lecture, mais je m'attendais à autre chose. Un roman plus sombre, plus "sale" peut-être et plus psychologique.

Je tenterai donc d'autres romans de Penny Hancock parce que je suis curieuse de voir ce qu'elle peut proposer d'autres, sans que ce coup-ci, je n'en attende rien de spécial. Par contre, le résumé vend ce roman comme une terrifiante histoire de folie, digne du légendaire "Misery" de Stephen King et clairement, on en est très loin !