Dragon rouge - Thomas Harris

Thomas Harris fait preuve de qualités d'écriture indéniables. J'ai aimé plus encore "Dragon rouge" que "Hannibal Lecter les origines du Mal". Ce qui m'a particulièrement plut dans cette histoire, c'est toute la dimension psychologique qui prend finalement une énorme part. On explore bien sûr la psychologie du tueur au travers de ses actes présents, mais aussi de son passé, et pas que ! L'auteur a eu l'intelligence de créer un tueur tout en relief, atroce et plein de fêlures à la fois à qui il a opposé un enquêteur finalement tout aussi torturé, rongé par ses propres doutes.

Les personnages de ce roman sont tous extrêmement bien travaillés. Oubliez les récits manichéens, ici rien n'est véritablement tranché et cela nous amène à nous poser pas mal de questions. La dualité apparaît à de nombreux niveaux dans ce récit et j'ai trouvé cela très intéressant. Bien sûr, je n'ai pas été surpris par le dénouement parce que j'avais vu l'adaptation cinématographique, mais je pense que si ça n'avait pas été le cas, j'aurais peut-être été surprise. Le film est d'ailleurs très fidèle au roman.

J'aime toujours autant le personnage de Lecter, fascinant car monstrueux d'une part et si intelligent, mesuré et cultivé de l'autre. Dommage qu'il n'apparaisse que si peu dans ce tome. Le rythme est plutôt bien mené. On me voit d'ailleurs dans le découpage même du roman. Au début, on a des chapitres assez longs, surtout centrés sur Will et plus l'histoire avance, plus les chapitres deviennent courts et entrecoupés (d'un côté ceux sur Will et de l'autre ceux sur le tueur), pour faire monter le rythme crescendo et la tension par la même occasion.

Attention, n'abordez pas ce roman comme un thriller à suspense classique où tout du long, on cherche à découvrir l'identité du tueur. Je dirais que c'est plus un thriller psychologique qui repose énormément sur ses personnages et un certain roman d'ambiance qui vous plonge dans une situation un peu désagréable comme si vous écoutiez votre morceau de musique préféré, mais qu'il était entrecoupé de crissements d'une craie sur un tableau noir. C'est à la fois intelligent et dérangeant.

Seul petit bémol pour moi, la traduction. Certaines phrases sonnaient mal en français et j'ai aussi noté quelques coquilles. Je pense qu'avec une nouvelle traduction, la lecture de "Dragon rouge" ne pourrait être que plus fluide encore et donc plus agréable et plus addictive. Je continuerai donc ma découverte des romans de Thomas Harris avec grand plaisir !