Esquisse - Godofredo de Oliveira Neto

Je ressors assez perplexe de ma lecture de "Esquisse". Il y a des choses que j'ai adoré et en même temps, j'en suis ressortie avec certaines déceptions. Je dois dire que dans l'ensemble l'ambiance de ce roman m'a plut.

On a une ambiance assez nébuleuse, assez énigmatique autour de la recherche d'un tableau ou plutôt d'une esquisse censée fournir un joli pactole à plusieurs membres d'une famille. Luigi est parachuté par les siens à New York et tâtonne un peu pour retrouver la trace de cette esquisse un peu comme un chercheur de trésors des temps modernes. Il va alors faire la rencontre de différents personnages dont on a bien du mal à définir les véritables intentions. Et puis, rapidement, la réalité semble se mêler aux hallucinations du narrateur, Luigi, au point que l'on se demande bien vite s'il n'est pas en proie à une certaine folie.

Du coup, tout au long de "Esquisse", on se pose la question des limites entre réalité et rêve, vérité et folie. Plus l'histoire avance, plus l'ambiance se fait oppressante et floue. De New York, on fait quelques sauts à Venise et certains passages nous amènent également au Brésil. Godofredo de Oliveira Neto ne cesse d'ailleurs d'apposer sa patte brésilienne en disséminant dans son roman de nombreuses références à la culture brésilienne. C'est quelque chose que j'ai beaucoup aimé, car je suis assez peu au fait de la culture de ce pays et en plus de ça, cela apportait un petit côté dépaysant.

Je pense, par contre, être probablement passée à côté de certaines références à cause, justement, de mon manque de connaissances en la matière. On sent que l'auteur a une vraie plume et une vraie aisance avec l'écriture. Par contre, on est vraiment dans un roman contemporain d'ambiance (ou presque plus une nouvelle pour moi).

Par moments, en lisant "Esquisse" je pensais à Kafka ou encore à Boris Vian. Le problème étant, que j'ai un peu de mal avec ces deux auteurs, à cause du côté trop métaphorique et parfois trop abstrait de leurs romans. Et c'est quelque chose que je n'ai pas ressenti au début de ce roman, mais qui s'est installé petit à petit.

J'ai aimé toute l'ambiguïté instaurée autour de la potentielle folie du protagoniste principal, mais je m'attendais à avoir une réponse à ce sujet en fin de roman, or ce n'est pas le cas. On a une fin très ouverte. Je sais que certains lecteurs aiment ça. Pour ma part, je préfère généralement les fins plus fermées.

L'autre souci que j'ai eu, c'est que je ne m'attendais pas à retrouver beaucoup de l'univers de Jérôme Bosch dans ce roman. Si au départ Godofredo de Oliveira Neto parle assez bien du tableau en question et met en avant la symbolique de Bosch, assez vite l'esquisse et le côté "artistique" de cette histoire est mis de côté ou en tout cas, se retrouve relégué en toile de fond pour mettre plutôt en avant l'ambiguïté et la bizarrerie de Luigi ainsi que les complots familiaux.

Pour résumer, s'il est certain que l'auteur possède une certaine qualité dans son écriture, j'ai eu certaines déceptions tout simplement du fait, je pense, que je m'attendais à autre chose et que ce type d'histoire est un peu éloigné de ce que je préfère lire. Je m'attendais à plus de voyage et à ce que l'art soit plus central. Je pense que c'est un très court roman qui plaira aux adeptes de romans contemporains comme ceux publiés chez Galimmard ou qui, comme je l'ai dit, aiment l'univers de Kafka et Vian. Pas mauvais donc, mais peut-être trop intellectualisant pour moi. Néanmoins, je suis heureuse d'avoir pu découvrir l'auteur.