Joyland - Stephen King

Le résumé de "Joyland" est totalement trompeur, mais pour autant, j'ai adoré faire cette lecture ! Donc, contrairement à ce que laisse penser la 4e de couverture comme la couverture, pas de clowns effrayants, pas de créatures terrifiantes dans ce récit. D'ailleurs, la part de fantastique dans ce roman est très très légère.

En fait, "Joyland" c'est l'histoire d'un jeune homme qui se découvre en tant qu'homme et en tant qu'être humain, un jeune homme qui va panser ses plaies en ouvrant son cœur, un jeune homme qui nous raconte une année de sa vie qui le marquera à tout jamais à de nombreux niveaux. Finalement, ce roman se rapproche bien plus du roman contemporain que du roman d'horreur. Il n'y a d'ailleurs rien d'horrifique là-dedans.

Pour ce qui est de l'ambiance de foire, on est bien plus dans l'esprit parc d'attraction joyeux que de la fête foraine miteuse et angoissante. J'ai retrouvé dans ce roman certaines choses que j'avais adoré dans "22/11/63", c'est-à-dire cette capacité du King à créer des amitiés que l'on a envie de partager et surtout, plus surprenant, sa capacité à parler d'amour, et puis, comme bien souvent, ce qui fait que le King est autant reconnu et adulé : ses personnages. Une fois de plus, il nous campe des personnages ciselés, réalistes et touchants. Il n'a pas forcément besoin d'écrire leur vie et leur passé pendant 100 pages pour qu'ils prennent vie dans l'esprit du lecteur et qu'il nous embarque avec eux. De plus, dans "Joyland", nous avons un nombre de personnages assez restreint ce qui fait qu'on les a tous bien en tête.

J'ai aussi retrouvé dans ce roman, le King amoureux de la pop culture, car il fait souvent référence au cinéma, à la musique et à la littérature. Ainsi, il cite entre autres les Beattles ou encore "Le seigneur des anneaux", ce qui permet là encore, d'ancrer ses personnages dans la réalité et peut-être de les rendre plus proches de nous lecteurs. J'ai noté dans ce roman moins de références à ses autres œuvres qu'il ne le fait parfois, néanmoins, il a glissé une référence à l'accident de train dont il a été témoin lorsqu'il était tout petit et qui a tué l'un de ses amis. J'ai aussi noté dans "Joyland" de très belles phrases, parfois pleines de poésie et de nostalgie qui nous amène souvent à réfléchir sur la vie, le sens qu'on veut lui donner et aussi le passé.

S'il y fait peu de références à ses autres romans, il a par contre donné vie dans celui-ci à un petit garçon, du nom de Mike, qui n'est pas sans rappeler le petit Danny de "Shining". Les deux petits garçons sont extrêmement attachants et tous deux partagent un don bien particulier. J'ai adoré le personnage de Mike, qui n'intervient pas tout de suite dans l'histoire, mais qui permet vraiment de donner une autre dimension au récit.

J'ai adoré également le ton du roman. En ce sens, je l'ai trouvé un peu différent des autres King, car l'histoire est racontée à la première personne, du point de vue de Devin, à la manière d'un vieux souvenir qu'il raconterait au lecteur. Et le ton employé par Devin est souvent assez drôle, mais aussi parfois mélancolique. En bref, un ton qui se veut très réaliste et terre-à-terre et comme je le disais, finalement, un ton plus proche du roman contemporain que du roman "de genre".

Enfin, je sais que Stephen King est souvent décrié pour ses fins qui ne font pas vraiment l'unanimité, mais pourtant, on a ici, une fois de plus, une superbe fin. Une fin travaillée, belle, douce amer et en parfait accord avec le reste du récit. Et puis grosse surprise, car je ne m'attendais pas du tout à trouver une petite dimension mystérieuse et thriller qui est venue se greffer à l'histoire, et ce, pour mon plus grand plaisir !

Je ne sais pas ce qui m'aura manqué pour que ce roman soit un coup de cœur. Pour le coup, j'aurais peut-être aimé qu'il soit un peu plus long, parce que j'étais bien dans "Joyland". Toujours est-il que pour moi, c'est une fois de plus du très très bon King qui me restera longtemps en mémoire.

Décidément, Stephen King ne cesse de me surprendre en bien et sa plume m'envoûte de plus en plus. J'aime son univers, j'aime ses personnages, j'aime surtout quand il nous parle de l'humain et des liens qui peuvent unir les Hommes. Je l'ai déjà dit, mais pour moi, Stephen King n'est pas un écrivain de l'horreur, c'est un écrivain humaniste qui semble tout avoir compris de l'humain dans toute sa complexité, avec parfois ses paradoxes, ses rêves, ses peurs, ses angoisses, ... Un auteur dont je ne me lasse pas. Je ne m'attendais pas à grand chose en débutant "Joyland" mais après l'avoir terminé, je peux dire que je ne suis pas déçue du voyage !