Résumé du livre Rage - Stephen King
Avant ce fameux jour, Charlie Decker avait déjà envoyé John Carlson, son professeur de physique-chimie, à l'hôpital. Ce dernier avait passé près de quatre heures sur la table d'opération. Cette fois-ci, c'est à bout portant qu'il a tiré sur Mme Underwood, pendant son cours d'algèbre, avant de prendre en otage la totalité des élèves de sa classe. Mme Underwood est morte sur le coup et Charlie est devenue en un clin d'oeil le maître du jeu.
Un jeu, dont il fixe les règles avec une sorte de jubilation... Et tandis qu'à l'extérieur, la police tente en vain de le mettre hors d'état de nuire, dans la classe, cette situation extrême incite les élèves prisonniers à d'étranges confidences et de curieux règlements de compte.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Rage - Stephen King
"Rage" est le premier roman du King que je lis qui fut publié sous le pseudonyme de Richard Bachman et dans l'ensemble, ce fut encore une fois une lecture fort enrichissante et pleine de questionnements sur l'humain dans ses grandes largeurs. Alors j'avoue qu'avant de commencer ma lecture, je m'attendais à y trouver un roman hyper dur, poignant voire extrêmement violent. C'est l'idée que je m'en étais fait, probablement à cause de cette sorte de légende urbaine qui voudrait que ce livre ai "influencé" les tueurs de masse de la tuerie de Colombine. Finalement, j'y ai trouvé un récit beaucoup plus nuancé que ce à quoi je m'attendais et franchement surprenant par certains aspects.
Alors attention, on est tout de même dans la tête d'un adolescent d'environ 17 ans qui un jour, suite à son renvoi du lycée (un renvoi plutôt mérité, il faut bien l'avouer) en vient à tuer de sang-froid deux de ses professeurs et à prendre sa classe en otage. Nous ne sommes donc clairement pas au pays des Bisounours ! "Rage" est donc un récit hyper introspectif puisque tout du long, on a une histoire racontée à la première personne, du point de vue de Charlie, notre ado en mal de vivre, en mal d'amour, en mal de repères, bref, en mal d'un peu tout.
Alors, oui, ce procédé peut sembler un peu facile, mais en même temps, je ne vois pas quel meilleur choix Stephen King aurait pu faire pour nous faire comprendre la psychologie et le passé de Charlie et nous faire ressentir aussi fort ses sentiments, ses questionnements et tout ce que le fait, à un moment, basculer.
On y retrouve déjà certaines thématiques qui vont par la suite revenir très souvent dans les œuvres de King, à savoir, la relation parent/enfant, les traumatismes de l'enfance et ce qu'ils peuvent créer comme plaies béantes, l'amitié enfantine, mais aussi la complexité de cette période qu'est l'adolescence et tout ce qu'elle peut comporter de risques, d'épreuves et de part de sombre. Car "Rage", pour moi, c'est avant tout un roman sur les difficultés de cette période charnière de la vie.
Tout au long du roman, les adolescents sont mis en opposition avec les adultes afin de montrer comment les uns agissent sur les autres, mais aussi comme les plus jeunes perçoivent leurs ainés, avec l'espoir, bien souvent, de ne pas leur ressembler, de se démarquer d'eux et donc, de trouver une sorte d'émancipation et d'individualité propre.
J'ai souvent entendu dire que ce roman traitait de la folie. C'est ce que l'on pourrait effectivement penser au premier abord, mais en creusant la question, je me demande si c'est bien le cas. Parce que finalement, "Rage" pose, je trouve, la question de "Qu'est-ce que la folie au fond ? Comment est-elle définie ? Et par qui ?". Pour moi en tout cas, ce n'est pas la folie pure au sens classique du terme dont a voulu parler l'auteur, mais plus d'une forme de folie tapie en chacun d'entre nous. Cette part de sombre, de noirceur qui peut, ou non, éclater du jour au lendemain.
J'ai aussi lu que ce roman traitait du syndrome de Stockholm. Là encore, j'ai envie de répondre oui, au premier abord, mais je doute que ce qui s'y passe soit apparenté à un syndrome de Stockholm. J'ai plutôt eu la sensation d'un rassemblement et d'une ouverture d'idée, presque d'une séance de thérapie collective, d'un déversoir de noirceur et de remise en question commune de ces ados trop souvent muselés, que ce soit par leurs parents, les conventions, les profs ou autre et qui trouvent l'occasion de vider leur sac et d'être un peu plus eux-mêmes.
Et puis, forcément, comment aborder les questionnements et les tensions adolescentes sans aborder la sexualité ? Surtout au sein de cette société puritaine des Etats-Unis ? Il en est donc pas mal question dans "Rage" mais ce n'est pas fait de façon putassière et au contraire, j'ai trouvé que cette thématique avait complètement sa place.
J'ai aussi retrouvé dans ce roman de nombreux points que j'avais déjà beaucoup apprécié dans "Carrie". Ces deux livres sont pour moi d'ailleurs très similaires et proposent deux points de vue, deux interprétations de cette période de la vie sous deux angles différents. Néanmoins, j'ai préféré "Carrie" (bien qu'il y ai dedans du fantastique) qui aura été pour moi plus fort en émotions et plus violent, paradoxalement.
"Rage" est un bon roman de Stephen King donc, même s'il ne fera pas partie de ses romans que je préfère et qui, contrairement à ce que l'on peut entendre parfois, n'est pas une simple histoire de tuerie perpétrée par un ado, mais plutôt une grosse remise en question du système éducatif, et même de l'éducation au sens large.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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