Rêves de garçons - Laura Kasischke

"Rêves de garçons" est le second roman de Laura Kasischke que je lis et il ne détrônera pas "Esprit d'hiver". Cela restera une lecture intéressante, mais dont j'attendais beaucoup plus et qui m'a laissé sur un petit goût d'inachevé. Comme dans "Esprit d'hiver", cette histoire commence presque comme un banal roman contemporain, mais au fur et à mesure, au moyen de petits détails et d'éléments divers, l'auteure apporte de l'étrange, et même du glauque dans son récit.

En tant que lecteur, on a donc envie de poursuivre sa lecture tout en ressentant que quelque chose de dérangeant se trame, mais sans que l'on ne sache tout à fait mettre le doigt dessus. "Rêves de garçons" nous plonge donc au sein d'une bande de trois cheerleaders, belles insouciantes et fortement horripilantes, parties en camp d'entraînement. Et c'est là qu'on touche à un premier problème pour moi : j'ai détesté tous les personnages. Alors je doute que le but de Laura Kasischke était de les faire apprécier, mais par moments, je les ai trouvé trop caricaturales. Et puis soyons clairs, le milieu des cheerleaders ne m'intéresse pas et de plus, en tant que française, cela ne me parle pas du tout et j'avais donc beaucoup de mal à m'identifier à ce qui était raconté. Le côté très "adolescente américaine" a fait que j'avais une certaine distance avec l'histoire. 

La plume de Laura Kasischke est en soi plutôt agréable, mais cette histoire manquait pour moi parfois de rythme et d'intérêt. L'histoire est en fait principalement centrée sur le personnage de Kristie, que l'on pourrait résumer comme étant la cheerleader jolie, mais pas non plus star du lycée, sympa et un peu suiveuse, manquant pour moi de personnalité ce qui fait que par moments, j'avais du mal à la comprendre.

L'histoire est d'ailleurs racontée à la première personne, de son point de vue à elle et j'avoue que j'ai eu du mal à comprendre l'intérêt de certains chapitres dans lesquels par exemple, elle raconte un souvenir d'enfance qui pour moi n'apporte aucun éclairage au récit présent.

J'ai par contre bien aimé la fin, que je n'avais pas vu venir et que j'ai trouvé glaçante et dérangeante à souhait. Elle permet au lecteur de se poser certaines questions et d'aborder finalement, à la lumière du dénouement, certaines thématiques qui me plaisent, que je trouve intéressantes, mais dont je ne peux parler, car bien sûr, cela serait spoilant.

J'ai donc aimé l'ambiance étrange, moite et un peu nostalgique de cette histoire qui se déroule sur quelques jours dans les années 70 aux Etats-Unis. Il est indéniable que Laura Kasischke a un style bien à elle et une plume plutôt belle ou en tout cas intéressante et bien travaillée et qui sait instaurer dans ses romans une dose de glauque et presque de malsain qui s'insinue petit à petit, presque l'air de rien, mais qui finit par transformer ses histoires à première vue banales en histoires complexes. 

Malheureusement, je crois que j'ai eu trop de mal avec les protagonistes pour vraiment apprécier ce roman et puis je crois aussi que le résumé m'a aiguillé sur un autre type d'histoire. Je ne m'attendais pas à ce que j'ai trouvé dans ce livre et je pense que ma petite déception vient aussi un peu de là.

J'ai donc vraiment préféré "Esprit d'hiver" à ce roman-ci, néanmoins, j'ai une fois de plus trouvé que l'écriture de Laura Kasischke avait quelque chose d'original à proposer. Je lirai donc d'autres romans d'elle afin de me faire une idée plus précise sur son travail. Une lecture sympa donc, mais pas non plus foncièrement mémorable pour ma part.