Résumé du livre Différentes saisons - Stephen King
Printemps : l’histoire d’un prisonnier innocent qui prépare l’évasion la plus extraordinaire depuis celle du comte de Monte-Cristo…
Eté : un jeune adolescent découvre le passé monstrueux d’un vieillard et joue avec lui une variante terrible du chat et de la souris…
Automne : quatre garçons turbulents s’aventurent dans les forêts du Maine, à la découverte de la vie, de la mort et des présages de leur destin…
Hiver : dans un club étrange, un médecin raconte l’histoire d’une femme décidée à accoucher quoi qu’il arrive…
Ces quatre récits prouvent triomphalement que le grand Stephen King est capable de transcender l’horreur sans abandonner son style singulièrement entraînant, sa façon imagée de rendre le décor et les personnages, et ses intrigues haletantes, suspendues au bord du gouffre.
Différentes saisons : quatre joyaux, d’une lecture irrésistible.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Différentes saisons - Stephen King
"Différentes saisons" est en fait une relecture pour moi, car c'est le premier ou second King que j’ai lu lorsque j’étais ado. Je gardais des souvenirs assez précis de certaines nouvelles et j’en avais totalement oublié d’autres (tellement que je me suis même demandées si j’étais allée au bout de ce livre et si je les avais toutes lues). Toujours est-il que c’est une relecture que j’ai adoré faire et une fois de plus, j’ai passé un très bon moment dans l’univers de Stephen King.
Rita Hayworth et la réception de Shawshank
C’est sans aucun doute la nouvelle dont je me souvenais le plus. Tout d’abord, parce qu’elle est selon moi plutôt mémorable et également parce que depuis ma précédente lecture, j’avais vu plusieurs fois le très bon film "Les évadés" qui a été tiré de cette nouvelle. Et j’ai très vite été de nouveau happée par cette histoire.
Tout d’abord, je pense que cela tient de la narration même de cette nouvelle. En effet, l’histoire d’Andy Dufresne nous est racontée par Red, un autre prisonnier qui l’a côtoyé dans la prison de Shawshank et cela confère à cette histoire un air de souvenir et presque de conte qu’un ami pourrait nous raconter un soir au coin du feu avec une bonne bouteille de vin bien entamée. Par le biais du personnage de Red, c’est bien sûr Stephen King et sa formidable capacité de raconteur d’histoire qui s’exprime. Une fois de plus dans cette nouvelle, il a parfaitement su donner vie à des personnages pourtant fictifs.
De plus, il a très bien construit et dépeint la vie dans cette prison de haute sécurité qui n’est pas sans rappeler, en toute logique, le roman "La ligne verte". Cette prison qui est un concentré de vie et une sorte de microcosme dans lequel à la fois on essaye de recréer certaines habitudes extérieures et qui en même temps est régie par des règles qui lui sont propres. Le film étant excellent, c’est vrai que j’y pensais beaucoup durant ma lecture et que je me demandais si la nouvelle pouvait être meilleure. Je ne pense pas qu’elle soit foncièrement meilleure, mais en tout cas, elle met formidablement bien en avant la puissance de l’espoir.
Parce que pour moi, "Rita Hayworth et la redemption de Shawshank" est avant tout une histoire sur l’espoir. Si vous avez la chance de ne pas encore avoir vu le film alors je pense que vous allez adorer la fin. Une fin que je trouve diablement intelligente et un poil surprenante. La toute fin est un peu différente de celle du film et pour le coup, je préfère celle du roman, car elle laisse un peu plus de place à l’imagination et surtout, elle souligne une fois de plus l’importance de cette notion d’espoir.
Un élève doué
Pour moi, cette très longue nouvelle aurait pu paraître comme un roman à part entière. C’est une nouvelle à glacer le sang. Ceci dit avec Stephen King, ce n’est pas très étonnant. Pratiquement tout du long, on suit un face-à-face machiavélique, monstrueux et destructeur entre un adolescent et un vieux nazi et comme souvent, King nous démontre que l’horreur la plus absolue ne se cache pas forcément dans l’imaginaire et dans les monstres, mais dans les êtres humains eux-mêmes (même s’il est difficile de qualifier encore certaines personnes d’êtres humains après les atrocités qu’elles ont commis).
Attention donc, c’est une nouvelle particulièrement ardue qui comporte des passages très gores, et même des détails de torture sur les humains et sur les animaux. J’ai été par contre surprise de voir que Stephen King s’est attardé sur les horreurs nazies perpétrées en Europe, car cela est tout de même très éloigné de l’histoire américaine et c’est un événement que je n’avais encore jamais rencontré dans aucun de ses romans. Ceci dit, pour un auteur traitant souvent d’horreur, finalement ce choix apparaît comme plus que logique.
Je reconnais que par moment, "Un élève doué" m’a semblé un peu long. Je comprends que l’auteur s’est attelé à dépeindre la transformation d’un jeune homme lambda en monstre sans scrupules au cours d’un été et que par conséquent, on devait retrouver une certaine langueur et répétition, mais j’aurais apprécié tout de même qu’elle soit un peu plus courte.
C’est malgré tout une nouvelle réussie, qui s’attarde sur la naissance de la monstruosité et qui met aussi en place une certaine forme de passation du Mal qui laisse imaginer un futur plutôt pessimiste. Cette nouvelle nous fait dire que malheureusement, l’homme n’aura de cesse de combattre le Mal, car il semble aussi profondément encré que le Bien chez l’être humain. Les personnages sont débectants, certains passages sont à vomir, mais dans le genre descente aux enfers et dissection des rouages maléfiques du cerveau humain, c’est plutôt réussi.
Le corps
Cette histoire est sans aucun doute l’une des nouvelles de Stephen King dont j’avais le plus entendu parler, comme étant une sorte d’incontournable de l’auteur et en plus, une réussite. J’en attendais donc beaucoup, d’autant que je savais que cela traitait d’une bande de copains et je m’attendais à une certaine dose d’émotion. Malheureusement, même si dans l’ensemble, j’ai bien aimé cette histoire, elle n’a pas été à la hauteur de mes attentes.
J’ai bien aimé tout le début, le fait de rencontrer cette bande de gamins défavorisés et délaissés par leurs parents, mais profondément liés entre eux. Ils sont à un âge où les copains semblent plus importants que tout, encore plus quand la cellule familiale se désagrège. Je m’attendais à y trouver un groupe d’enfant aussi attachant que le club des ratés dans "Ça" et s’il y a effectivement quelque chose qui tient de cette inspiration, on est loin de l’attachement immense que j’avais eu pour Bill, Beverly, Richie et les autres.
Peut-être parce que dans cette nouvelle, les personnalités ne sont pas assez détaillées et aussi parce que les enfants ont une manière bien particulière de s’adresser les uns aux autres. Parce que sous prétexte de jouer aux durs et d’avoir grandi à la campagne, ils usent et abusent des gros mots et de l’argot, et même si c’est quelque chose d’assez courant chez King, pour le coup, il y en avait un peu trop à mon goût.
La narration est à la première personne et raconte l’histoire comme un souvenir comme c’était déjà le cas dans "Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank", "La ligne verte", "Ça", ou même "Dolorès Claiborne" pour ne citer que ces titres-ci. Un schéma narratif donc assez récurrent chez King et qui généralement fonctionne bien. Cette narration prend d’ailleurs tout son sens à la fin. Une fin qui aurait été bien moins puissante racontée à la troisième personne. Une fin que j’ai beaucoup aimée. C’est même très clairement la partie de cette nouvelle que j’ai préférée.
En effet, si j’ai aimé le début, je trouve qu’ensuite King s’est un peu perdu en détours et histoires annexes qui ont fait perdre en puissance le voyage de ces jeunes garçons. Car "Le, corps", c’est finalement l’histoire d’un groupe d’ados qui perdent leur innocence et basculent dans le monde adulte et quoi de plus radical pour cela que d’être confronté de près à la mort ? C’est ce qu’ils ont fait au sens propre.
On sent que Stephen King a puisé dans son vécu et dans ses souvenirs personnels pour dresser les contours de cette nouvelle. En effet, le groupe de jeunes qui grandissent à la campagne et jouent dans des terrains abandonnés et un peu inhospitaliers ne sont pas sans rappeler sa propre enfance qu’il a vécu avec son frère. De plus, l’histoire de cet enfant qui a été heurté par un train fait directement écho à l’un de ses amis d’enfance à qui cela est arrivé lorsque King avait 4 ans et qu’il a probablement vu se faire happer par le train bien que comme il le dit lui-même, cela lui a été raconté par sa mère car il n’en garde pas de souvenirs. Et puis la fin, quant à elle, semble totalement calquée sur sa vie personnelle de jeune adulte devenu écrivain et père de 3 enfants.
"Le corps" est donc une nouvelle intéressante même si l’argot, les grossièretés et les digressions m’ont parfois fait un peu perdre le fil et ne m’ont pas permis d’apprécier cette histoire complètement.
La méthode respiratoire
C’est très clairement la nouvelle dont j’attendais le moins de chose et je pense que c’est celle que j’ai préférée avec "Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank". J’ai beaucoup aimé cette histoire qui baigne dans une aura un peu étrange. Cette histoire de club de pseudos gentlemans qui se racontent des anecdotes m’a intrigué et beaucoup plut. J’ai surtout adoré l’anecdote racontée par ce gynécologue autour de cette fameuse méthode respiratoire.
Ce n’est pas tant l’histoire en elle-même qui m’a plut que le personnage de Sandra que j’ai adoré. Un personnage de femme déterminée, au caractère affranchi et terriblement moderne pour son époque. Et puis j’ai également beaucoup aimé la fin de cette nouvelle. Certains la trouveront peut-être trop abrupte et surtout trop dure, mais elle est finalement à l’image de la vie et comme c’est une nouvelle qui parle en quelque sorte de la vie, j’ai trouvé ce choix tout à fait approprié.
Dans l’ensemble j’ai donc beaucoup aimé les quatre nouvelles de "Différentes saisons" même si mon cœur penche largement vers la première et la dernière nouvelle qui, chacune à leur manière, sont pour moi de petits bijoux. L’ensemble du recueil est plutôt équilibré et homogène. Toutes ont le même, ton dans la narration. Trois sont véritablement racontées à la première personne, comme une sorte de confession d’un souvenir passé, mais même si "Un élève doué" est écrit à la troisième personne, le récit comporte tout de même ce côté bribe de vie presque conte que l’on se raconterait au coin du feu.
C'est un recueil très tourné vers le passé et le souvenir, mais également très réaliste, car il n’y est pas question de surnaturel ou de fantastique. Alors, oui, certains disent que "La méthode respiratoire" comporte du fantastique. Pour ma part, je trouve que c’est discutable. De plus, hormis la toute dernière, toutes les autres nouvelles ont des connexions entre elles et également avec d’autres romans de l’auteur. J’ai appris que "La méthode respiratoire" aurait un lien avec "La tour sombre" mais n’ayant pas encore lu cette saga, je n’ai personnellement pas noté le rapprochement entre les deux.
"Différentes saisons" est donc un recueil de nouvelles très qualitatif que j’ai pris plaisir à relire. Pour moi, il comporte une petite pépite qui est la nouvelle "Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank", que j’aurais adoré voir développée pour devenir un roman à part entière. C’est un recueil que je pourrais tout à fait recommander aux lecteurs qui souhaiteraient se faire une idée de l’univers de King et encore plus pour les lecteurs qui ne sont pas fans de fantastique et autres éléments imaginaires ou inexplicables.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
Ajouter un commentaire