Résumé du livre Nuit noire étoiles mortes - Stephen King
1922 : un fermier du Nebraska confesse qu’il a assassiné son épouse, avec l’aide de son fi ls de 14 ans.
Grand chauffeur : une femme écrivain, violée et laissée pour morte au bord d’une route, décide de se venger elle-même.
Extension claire : un cancéreux en phase terminale passe un pacte avec un vendeur diabolique, afin d’obtenir un supplément de vie.
Bon ménage : une femme découvre qu’elle vit depuis vingt ans avec un serial killer.
Quatre nouvelles puissantes et dérangeantes, quatre personnages confrontés à des situations extrêmes qui vont les faire basculer du côté obscur, plus une nouvelle inédite vraiment inquiétante...
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Nuit noire étoiles mortes - Stephen King
J’ai l’habitude de dire que généralement, je préfère Stephen King dans ses romans que dans ses nouvelles, mais je reconnais aussi qu’il sait exceller dans le format nouvelle. Ce fut clairement le cas avec "Nuit noire étoiles mortes". Il faut dire que c’est dans ce format de nouvelles que je préfère King, c’est-à-dire avec des nouvelles longues, qui se rapprochent même plus du court roman (comme c’était par exemple déjà le cas dans "Différentes saisons"), que dans des nouvelles courtes voire très courtes comme dans le recueil "Danse macabre").
1922
Cette nouvelle est écrite sous la forme d’une longue confession d’un homme ayant tué sa femme et de par de nombreux aspects, j’ai énormément pensé à "Dolorès Claiborne" en la lisant. Je ne sais pas si c’était une volonté de l’auteur, mais la fin quant à elle m’a pour le coup grandement rappelé "La métamorphose" de Kafka. C’est une nouvelle parfaitement bien menée dans sa construction narrative, mais aussi dans l’instauration progressive de la culpabilité, de la folie et de la déchéance. "1922" est une histoire très triste, très plombante avec une relation parent/enfant assez récurrente chez Stephen King et une époque par contre peu exploitée par l’auteur (les débuts du 20e siècle). Toute cette ambiance violente, sombre et paranoïaque à souhait est renforcé par le fait qu’au milieu King y a positionné une très belle histoire d’amour que l’on sent se faire engloutir par la noirceur petit à petit. Attention par contre, ne lisez pas cette nouvelle si vous avez la phobie des rongeurs ou des détails sanglants, car il y est beaucoup question de rats, de cadavres et de corps abîmés.
Grand chauffeur
Whaou ! Gros coup de cœur pour cette nouvelle. C’est très clairement l’une des meilleures et des plus mémorables nouvelles de King que j’ai pu lire. Attention par contre, car c’est une nouvelle qui parle en majeure partie de viol et une fois de plus, bien que Stephen King soit un homme, il est bluffant de justesse et de réalisme lorsqu’il parle au nom d’une femme.
J’ai absolument tout aimé dans cette nouvelle. L’auteur y fait de nombreux rappels à la littérature et au cinéma de l’horreur et à juste titre. Et on ne parle pas de l’horreur provoquée par des monstres fantastiques non. Ici, on parle bien de l’horreur qui peut surgir de n’importe quel quotidien avec un monstre fait de chair, tout ce qu’il y a de plus humain. Il n’y a pas à dire, King sait parfaitement dépeindre l’être humain poussé dans ses retranchements les plus extrêmes.
"Grand chauffeur", c’est une histoire qui se fait là encore de plus en plus sombre, dans laquelle la folie semble s’installer petit à petit comme un pansement un peu dérisoire au choc post-traumatique et en cela, j’ai retrouvé en quelque sorte le même mécanisme que dans la nouvelle "1922". C’est une histoire de tripes, de douleur et de survie. Vraiment, j’ai trouvé cette histoire d’une intelligence et d’une finesse folle et la fin a terminé de me retourner le cœur. Un petit bijou à la King qui met en avant une femme auteure que je ne suis pas prête d’oublier.
Extension claire
Cette nouvelle est beaucoup plus courte que les deux premières, mais tout à fait qualitative. Elle traite de l’envie et de la cupidité, mais aussi de l’aspect arbitraire de la vie. "Extension claire" est une nouvelle cynique, un peu acide même, avec un personnage central tout d’abord assez neutre qui au final, apparaît comme plutôt détestable et qui incarne assez bien cette potentielle partie débectante de chacun d’entre nous.
Contrairement aux deux premières nouvelles, celle-ci a un côté fantastique. C’est peut-être ce qui fait que c’est celle que j’ai le moins apprécié dans ce recueil, car je trouve que Stephen King n’a pas besoin de faire appel au fantastique ou au surnaturel pour révéler tout le potentiel de noirceur de l’être humain.
Bon ménage
Avec cette nouvelle on bascule à nouveau dans le quotidien lambda d’une famille américaine classique, bien sous tout rapport et qui en réalité cache de lourds, très lourds secrets puisqu’on suit une femme, en couple depuis presque 30 ans et qui va un jour découvrir par hasard que son mari est en réalité un tueur en série particulièrement sadique. "Bon ménage" a un pouvoir anxiogène et stressant assez incroyable.
Je le redis, mais pour moi, Stephen King n’excelle jamais autant que lorsqu’il transforme le quotidien de monsieur et madame tout le monde en cauchemar inimaginable et sans fin. Cette chute dans un puits sans fond qui nous terrifie tant parce qu’elle malheureusement plausible et que tous nous pouvons potentiellement voir notre vie basculer ainsi du jour au lendemain. C’est une nouvelle qui en plus de cela fait beaucoup réfléchir, je trouve sur les questions de justice que ce soit de justice pénale ou de justice morale. Et puis là encore, j’ai adoré la fin qui était absolument parfaite.
À la dure
Pour le coup c’est une nouvelle très courte qui, me semble-t-il a été rajoutée au recueil suite à une réédition (à vérifier). Cependant, bien qu’elle soit courte, elle fut particulièrement efficace et aussi belle que terrifiante avec un twist que je n’avais pas vu venir et qui a chamboulé ma lecture. Je comprends pourquoi cette nouvelle figure dans ce recueil, car c’est encore une histoire de quotidien qui dérape complètement, d’humain lambda qui vrille tout à coup pour une raison ou pour une autre et mon Dieu, que King sait bien décrire la folie, le désespoir et ce passage de Docteur Jeckyll à Mister Hyde imposé non pas par une expérience qui se serait mal passée, mais imposée par les aléas de vie.
"Nuit noire étoiles mortes" fut donc un très, très bon recueil de nouvelles que j’ai autant apprécié, si ce n’est plus, que "Différentes saisons" ou encore "Si ça saigne". Je peux même dire que ce fut un petit coup de cœur, car j’ai trouvé que Stephen King avait été particulièrement efficace dans sa maîtrise non seulement de la mise en place de l’angoisse (voire de l’horreur par moment) mais aussi dans la construction de ses histoires et de la psychologie de tous les protagonistes. C’est un recueil très sombre, si ce n’est le plus sombre que j’ai pu lire jusque-là et pourtant, il n’y est pas question de fantastique ou de surnaturel (un peu dans "Extension claire" mais ça s’arrête là.). Une fois de plus, King a mis en lumière la monstruosité de l’être humain, mais aussi, et c’est personnellement ce qui m’intéresse le plus, toute son ambiguïté et son ambivalence.
Un recueil de nouvelles que je ne suis pas prête d’oublier, mais qui, vous serez prévenus, remue pas mal le lecteur et le plonge littéralement dans les profondeurs sombres de l’âme humaine. Une superbe réussite. Merci Monsieur King.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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