Résumé du livre J'irai tuer pour vous - Henri Loevenbruck
Je suis la balle dans votre fusil. C'est vous qui tirez, c'est moi qui tue. 1985. Alors que Paris est frappé par des attentats, Marc Masson, un déserteur, est rattrapé par la France. Recruté par la DGSE, il est officiellement agent externe mais, officieusement, il va devenir assassin pour le compte de l'État. Alors que tous les Services sont mobilisés sur le dossier libanais, les avancées les plus sensibles sont parfois entre les mains d'une seule personne... Jusqu'à quel point ces serviteurs, qui endossent seuls la face obscure de la raison d'État, sont-ils prêts à se dévouer ? Et jusqu'à quel point la République est-elle prête à les défendre ? Des terrains d'opérations jusqu'à l'Élysée, des cellules terroristes jusqu'aux bureaux de la DGSE, Henri Loevenbruck raconte un moment de l'histoire de France - qui résonne particulièrement aujourd'hui - dans un roman d'une tension à couper le souffle.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de J'irai tuer pour vous - Henri Loevenbruck
Il y a quelques années, j’avais lu le roman "Nous rêvions juste de liberté" d’Henri Loevenbruck et j’avais eu un formidable coup de cœur. Depuis, j’étais impatiente de pouvoir me replonger dans la plume de l’auteur même si je sais qu’il est capable d’écrire dans des genres littéraires très différents. Tout comme "Nous rêvions juste de liberté", "J’irais tuer pour vous" est ce que l’on pourrait appeler un roman contemporain, un peu noir. Les deux titres ont donc cela en commun, mais malheureusement, avec ce titre, je suis loin du coup de cœur que j’avais eu pour son précédent roman.
Je pense que l’une des choses qui fait que j’ai beaucoup moins apprécié "J’irai tuer pour vous" c’est tout simplement que les thématiques abordées et la toile de fond de l’histoire ne m’intéressent pas, ou très peu. En effet, ce roman est très politique. Au-delà de la dimension traitant d’attentats et pourquoi pas de religion (même si on se rend bien vite compte que la religion n’est qu’un prétexte), c’est surtout une histoire qui tend à mettre en lumière les dessous peu reluisants de l’état français, les petits arrangements politiques en interne et géopolitiques avec le reste du monde et c’est un univers qui, au-delà de m’intéresser assez peu, ne me parle pas et a vite fait de m’ennuyer et de me laisser sur le carreau. Pour moi, il y avait dans ce roman trop d’explications sur les différents services plus ou moins secrets de l’état, sur les groupes armés étrangers, sur la diplomatie, etc. Et c’était trop à mon goût.
Et puis surtout, il m’arrive d’aimer des romans traitant de thématiques que je n’aime pas ou dont je ne connais rien, mais pour cela, il faut que ce soit en quelques sortes vulgarisé pour être compréhensible du plus grand nombre (et donc aussi de moi-même). Or, ce que je reprocherais à "J’irais tuer pour vous" c’est d’avoir été peut-être trop pointu sur la politique et les enjeux géopolitiques et si cela a dû beaucoup plaire aux lecteurs que cela passionne, pour ma part je me suis souvent sentie larguée et donc en-dehors de l’histoire. Ce qui fait que je ne retournais pas franchement dans cette lecture avec entrain.
Je regrette un peu qu’on ait eu aussi peu de passages du point de vue des otages, car je trouve qu’ils étaient bien plus intéressants que ceux du point de vue des services de police et permettaient de ramener une dimension humaine qui m’a parfois manqué. Il faut bien avoir en tête que par de nombreux aspects, ce roman peut sembler souvent assez froid et factuel. Cela est bien sûr voulu, car c’est en adéquation avec les sujets traités. Dans cette histoire, les hommes doivent s’effacer devant l’institution, l’humain ne compte plus, seul le pays et les apparences ainsi que les arrangements géopolitiques ont de l’importance. Mais du coup, moi, en tant que lectrice, j’avais parfois besoin de me raccrocher à un peu de chaleur, un peu plus d’humanité et si cela pointait parfois, c’était trop peu à mon goût. C’est d’ailleurs l’une des choses qui a fait, je pense, que je ne me suis pas attachée aux personnages.
Pourtant, l’auteur prend le temps d’installer ses personnages et plus particulièrement, Marc Masson, puisqu’on va revenir sur son enfance et sa vie de jeune adulte avant de le suivre au temps présent, mais malgré ça, je n’ai eu aucune empathie pour lui. Ni pour lui, ni pour les autres d’ailleurs. Finalement, j’ai surtout apprécié dans ce roman, les 150 dernières pages, très certainement parce que justement, vers la fin, la géopolitique s’efface et l’humain prend plus de place. J’avais besoin de cette chaleur, de ces sentiments et de ces réactions humaines après toutes ces pages très froides, très factuelles, dans lesquelles le personnage de Marc est quasiment un robot, ou en tout cas un être sans âme au service de l’état français, qui pour autant ne le reconnaît même pas. J’ai été choquée et admirative à la fois de toute d’abnégation dont il fait preuve.
Et puis comme d’habitude avec Henri Loevenbruck, la toute fin est d’une tristesse infinie. Côté style d’écriture, rien à redire. Si comme je l’ai dit le côté très froid et parfois factuel m’a dérangé, j’ai très vite compris que c’était inhérent à l’histoire qu’il voulait raconter. Malgré tout, derrière ça, on retrouve la qualité de la plume de l’auteur, sa finesse, son amour des personnages et le fait qu’il les creuse et qu’il aime leur donner vie. Aucun doute donc, c’est un homme qui a un vrai don pour l’écriture, mais le décor et les thématiques centrales ne m’ont malheureusement que moyennement parlé.
J’ai beaucoup aimé les remerciements à la fin et j’étais sur les fesses d’apprendre que ce roman est en très très grande partie inspiré de l’histoire d’un homme qui a réellement existé. Avec ce titre, l’auteur a voulu mettre en lumière des hommes de l’ombre et nous montrer à nous simples lecteurs et citoyens lambdas, une partie de ce qui se passe en sous-main.
Un roman donc une fois de plus très qualitatif, très bien travaillé, mais qui n’aura tout simplement pas su m’embarquer, car l’univers est trop éloigné de ce que j’affectionne et que de nombreux aspects géopolitiques avaient tendance à m’échapper. Néanmoins si ces thématiques vous intéressent alors foncez, car on sent que l’auteur a fait un vrai travail de recherche (il a tout de même mis plus de trois ans pour l’écrire.) et que de nombreux éléments sont véridiques et en ce sens, c’est assez passionnant. Pour ma part, j’ai donc hâte de retrouver la plume d’Henri Loevenbruck dans un style et un univers qui me correspondront mieux. J’ai d’autres romans de lui dans un genre plus policier historique et je suis donc extrêmement curieuse de voir comment il s’en est sorti avec cet exercice.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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