L'encre et le sang - Franck Thilliez & Laurent Scalese

Je n’ai jamais rien lu de Laurent Scalese, mais je connais bien Franck Thilliez et j’avoue que j’ai eu un peu de mal à reconnaître sa plume dans cette "L'encre et le sang". Elle transparaît un peu plus sur la fin, mais de façon globale, j’ai eu du mal à rapprocher ça de tout ce que j’ai pu lire de lui. Il faut dire que je n’ai jamais lu de nouvelles de lui non plus donc le format m’a peut-être un peu déroutée, mais au-delà de ça, je pense que pour le coup ça a été un vrai travail de duo d’auteur et le résultat est donc différent de ce qu’il peut écrire seul. 

Laurent Scalese est apparemment un grand lecteur de Stephen King et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça se ressent ! "L'encre et le sang" est clairement pour moi un mélange d’histoire à la King et de Death Note. Le lien avec Death note est on ne peut plus clair, quant à King, on retrouve ici le côté roman d’horreur, les thématiques des turpitudes de l’écrivain et de la dégradation du corps que l’on retrouve très souvent dans les romans de Stephen King. Même les rats qui sont très présents dans ses livres sont également évoqués dans "L'encre et le sang". L’intervention d’une momie m’a d’ailleurs largement rappelé le roman "Ça". Et au cas où ce n’était pas assez clair, on nous parle carrément d’un auteur qui s’appelle Bachman comme ça, plus de doute possible ! 

Je pense qu’en écrivant cette nouvelle, les auteurs se sont fait plaisir et ont livré une sorte de petit hommage à leur façon à un romancier qu’ils apprécient beaucoup. En tant que lectrice, j’ai passé un sympathique moment. Entre mystère, thriller et horreur, cette nouvelle nous embarque dans un projet de vengeance diabolique mettant en exergue les bas instincts des hommes et la noirceur parfois de leur âme (et là, on retrouve la patte de Thilliez.). Dans cette histoire, on va aussi parler d’écriture et un peu de destin. 

J’ai aimé le fait que l’action se déroule à Hong Kong même si j’aurais aimé que l’ambiance et le décor si particulier de cette ville soient beaucoup plus décrits et détaillés, ce qui n’aurait fait que renforcer et étoffer l’histoire. Le problème que j’ai eu avec "L'encre et le sang" (et que j’ai bien souvent avec les nouvelles) c’est que cela était trop court à mon goût. D’autant que l’histoire finalement aurait pu donner lieu à un véritable roman. 

La fin n’est pas inintéressante et sincèrement, je ne l’avais pas vu venir (alors que pour autant, elle n’est pas non plus d’une originalité folle.). Elle est intéressante par les sujets qu’elle pose autour de l’auteur, du processus d’écriture, de la création. Est-elle le fruit d’une véritable et longue réflexion, où s’impose-t-elle d’elle-même à l’écrivain comme envoyée par une sorte de force supérieure ?

"L'encre et le sang" est donc une nouvelle horrifique sympathique à lire. Rapide et facile, elle divertira pendant 1h30 environ, les lecteurs aimant le gore et les histoires sombres. Pour ma part, j’ai donc passé un bon moment de lecture, mais je sais aussi que cette histoire n’aura rien de marquant et que ce n’est vraiment pas l’écrit que je retiendrai de la bibliographie de Franck Thilliez. Sympathique dans le genre, mais pas mémorable. Néanmoins, si vous êtes fan de Thilliez (et peut-être aussi de Scalese) alors cela reste intéressant à lire.