Résumé du livre Misery - Stephen King
Misery, c'est le nom de l'héroïne populaire qui a rapporté des millions de dollars au romancier Paul Sheldon. Après quoi il en a eu assez : il a fait mourir Misery pour écrire enfin le « vrai » roman dont il rêvait.
Et puis il a suffi de quelques verres de trop et d'une route enneigée, dans un coin perdu... Lorsqu'il reprend conscience, il est allongé sur un lit, les jambes broyées dans l'accident. Sauvé par une femme, Annie. Une admiratrice fervente. Qui ne lui pardonne pas d'avoir tué Misery. Et le supplice va commencer.
Sans monstres ni fantômes, un Stephen King au sommet de sa puissance nous enferme ici dans le plus terrifiant huis clos qu'on puisse imaginer.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Misery - Stephen King
J’ai enfin pris le temps de relire le tout premier King que j’ai lu durant mon adolescence et mon Dieu, que cette lecture fut à la fois nostalgique et intense ! J’avais le souvenir d’un roman horrible avec des scènes à faire vomir et à ce sujet, ma mémoire ne m’avait pas trompé. Je confirme que se trouve dans "Misery" des scènes sanglantes, particulièrement insoutenables donc lecteurs sensibles s’abstenir !
Stephen King a terriblement bien traité dans "Misery" la thématique de la douleur physique. Tout du long, Paul Sheldon endure en effet différence douleurs corporelles que ce soient celles provoquées par son accident de voiture, celles infligées par Annie ou encore celles créées par le manque de médicament et à chaque fois, je me sentais moi-même en tant que lectrice, mal. En effet, la question de la dépendance aux médicaments comme drogue est particulièrement bien abordée et cela tient en grande partie au fait que King lui-même a été accro à différentes drogues, dont en particulier les médicaments. C’est affreux pour l’homme qu’il était, mais cela a permis, je pense, d’apporter à cet aspect du roman un côté totalement réaliste et tangible.
Il y a un autre point de l’histoire que je trouve assez incroyable, c’est que les douleurs et l’état des jambes de Paul Sheldon après son accident sont, j’ai l’impression, très proches de ce qu’à vécu Stephen King 12 ans plus tard lorsqu’il a été renversé par un chauffard. Comme quoi une fois de plus, chez les auteurs comme lui, fiction et réalité sont souvent profondément imbriqués.
King semble donc s’être beaucoup inspiré de lui-même et de sa propre expérience pour écrire le personnage de Paul Sheldon. En toute logique, il y est donc beaucoup question dans ce roman du rôle de l’écrivain, de la façon dont il peut vivre et expérimenter la création d’un livre, mais aussi des difficultés que peuvent traverser les écrivains et plus généralement je pense, toute personne exerçant un métier de création pure qui demande à son créateur une certaine forme de lâcher prise et d’abnégation. King traite aussi l’autre pendant de la relation auteur/lecteur avec la figure de la lectrice, mais surtout, de la lectrice fan (avec le personnage d’Annie, mais pas que).
S’il y a bien un trait de l’écriture de King qui ressort fort de "Misery" c’est sa capacité incroyable à dresser des psychologies de personnages hyper complexes. Ce roman, c’est un vrai face à face en huis clos, un duel au sommet entre un personnage totalement fou qui feint la normalité et un homme plutôt sain qui va petit à petit glisser vers la folie. L’angoisse ne m’a pas quitté tout au long de ma lecture et la tension ne fait que se resserrer et augmenter petit à petit. À chaque chapitre, on redoute un nouveau pétage de câble d’Annie, on redoute ses coups de folie autant que Paul et ce qui est particulièrement angoissant, c’est qu’avec elle, on ne sait jamais sur quel pied danser et ce qu’elle réserve, car on la sait capable du pire.
Annie est sans aucun doute l’un des personnages les plus effrayants que j’ai pu lire de l’univers de King. Et si ce livre est si profondément terrifiant, c’est parce que, au-delà de certaines scènes de tortures physiques et psychologiques, particulièrement difficiles à lire, le pire est que cette histoire est ultra réaliste. Aucune trace de fantastique ou de surnaturel dans ce King. Toute l’horreur qui y est décrite est plausible et l’auteur ne fait que nous mettre face à la folie humaine pure qui malheureusement se déroule chaque jour dans ce monde, car au fond de nous, on sait que des Annie Wilkes existent pour de vrai, sous des traits de gentilles infirmières ou tout autre.
On retrouve également dans "Misery" d’autres thématiques qui reviennent très régulièrement dans les romans de King telles que l’obsession, la paranoïa ou encore la déchéance du corps. Stephen King aborde aussi formidablement bien le pouvoir de l’imaginaire et de la création qui permettent de s’évader et qui peuvent parfois sauver. Ces idées peuvent bien sûr comme dans "Misery" renvoyer au vécu de l’écrivain, mais peuvent également être partagées par le lecteur au travers de son expérience de lecture.
La fin, quant à elle, est pour moi très réussie. Je pense que je n’avais effectivement pas lu le roman jusqu’au bout lors de mon adolescence car je n’avais pas du tout souvenir de cette fin mais une fois de plus, King à fait mentir ses détracteurs qui clament qu’il ne sait pas écrire de bonne fins car je trouve que celle-ci boucle la boucle comme il se doit. Si je devais avoir un regret quant à ce roman, c’est je pense de ne pas avoir pu en apprendre encore plus sur le passé d’Annie. Je suis persuadée que plus d’excursions et d’explication sur son vécu n’aurait fait que renforcer le personnage. Après, cela aurait peut-être aussi pu faire naître une forme de compassion trop importante envers ce personnage et aurait donc pu être à double tranchant.
S’il y a par contre un point vraiment négatif que j’ai noté durant ma lecture de "Misery", et qui n’est en rien imputable à l’auteur, c’est le fait qu’encore une fois, la traduction semble avoir été faite à la vas vite. J’ai arrêté de compter les coquilles et autres erreurs d’accord que compte ce livre. C’est quelque chose qui n’est pas rare, particulièrement dans les traductions des vieux romans de King. Ce que je trouve déplorable, c’est que l’on sorte de nouvelles éditions (qui sont certes magnifiques) pour ce faire encore un peu plus d’argent, mais qu’on ne prenne pas le temps au passage de corriger les nombreuses erreurs de la première traduction qui était loin de ce qu’un bon travail éditorial est censé fournir.
Malgré donc ce point noir dû à la traduction, je confirme que "Misery" est effectivement un très, très bon roman de Stephen King, si ce n’est l’un de ses meilleurs. En tout cas comme roman noir psychologique en huis clos, pour moi, c’est une référence à recommander à tous les lecteurs qui ne seraient pas trop sensibles aux scènes sanglantes et à la doubleuse physique. Pour ma part, c’est un King que je ne suis pas prête d’oublier (En même temps, la quasi-totalité de ses romans reste gravée dans ma mémoire. N’est-ce pas là le signe d’un grand auteur ?). Un roman angoissant à souhait avec un duel au sommet qui regroupe une très grande partie de ce que j’aime tant chez King. Je suis ravie d’avoir enfin pris le temps de faire cette relecture !
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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