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6 préjugés concernant Stephen King

Une chronique littéraire par Read.

En tant que lectrice et fan de Stephen King, lorsque je parle de cet auteur, il n’est pas rare que j’entende le même type de remarques, et même, oserai-je le dire, les mêmes préjugés.

Stephen King : qui est-il et quel est mon rapport avec cet auteur ?

Stephen King est un auteur prolifique, qui écrit depuis de nombreuses décennies et qui s’est fait connaître par des romans plutôt typés horreur. Pour toutes ces raisons, et aussi parce qu’aujourd’hui, c’est un écrivain qui fait carrément partie de la pop culture et des grands auteurs mondialement connus, de nombreuses choses ont été dites et écrites à son sujet, parfois à raison et souvent à tort. Il n’est pas rare que cela ait d’ailleurs été fait par des gens n’ayant même pas lu ses romans ou très peu.

Je ne prétends absolument pas avoir la science infuse sur la question, et même si j’ai désormais une sacrée expérience des romans et de l’univers de Stephen King (ayant lu plus de 40 livres de sa bibliographie), je suis loin d’avoir tout lu de lui et de connaître entièrement ses œuvres et son univers foisonnant. Cependant, j’avais envie aujourd’hui de vous parler un peu de ces préjugés régulièrement relayés à propos de King et de vous en faire une analyse personnelle histoire de vous parler une fois de plus de mon écrivain favori et peut-être de dézinguer une bonne fois pour toutes, certains préjugés qui lui collent à la peau depuis trop longtemps.

Alors, Stephen King vaut-il toutes les idées reçues à son sujet ? Décryptons un peu tout cela ensemble.

Photo d'une personne déguisée en clown Pennywise

Préjugé n°1 : Stephen King n'écrit que des romans d'horreur

L’a priori le plus courant sur Stephen King et celui que j’entends de façon très récurrente, c’est qu’il n’écrit que de l’horreur.

Je tiens à le dire une bonne fois pour toutes : NON ! C’est faux et archi-faux ! Oui il est vrai qu’au début de sa carrière, il a écrit beaucoup de romans plutôt de type horrifiques tels que Carrie, Salem, Shining ou encore Christine. Je tiens tout de même à préciser que ces romans ne sont pas juste des romans d’horreur, mais explorent de nombreuses thématiques profondes et variées et vont ainsi au-delà du pur étalage de boyaux et d’hémoglobine.

Je pense que le fait que ses romans aient très vite été adaptés au cinéma pour en faire des films étiquetés horreur n’a fait que renforcer cette idée que Stephen King = Horreur.

Pour bon nombre de personnes, ses romans sont donc forcément synonymes d’horreur alors que Stephen King a écrit des livres dans des genres littéraires divers. J’ai même presque envie de dire qu’il s’est essayé à pratiquement tous les genres puisqu’il a écrit non seulement des romans fantastiques et de fantaisie, mais aussi des romans plus contemporains, des thrillers ou encore des romans pour la jeunesse. Oui oui ! (Je pense en disant cela à « Les yeux du dragon »). Sans parler du fait que certains de ses livres ont donné vie à des histoires d’amour fabuleuses, comptant parmi les plus belles que j’ai pu lire (pour n’en citer qu’une, je dirais Jake et Sadie dans 22/11/36). Donc, non, vraiment, King n’écrit pas que de l’horreur, bien au contraire !

Préjugé n°2 : Stephen King n'écrit que des romans très longs (aussi appelés "pavés")

Ensuite, il est souvent dit que Stephen King n’écrit que des romans extrêmement longs. Bon, pour le coup, je dois avouer que ce préjugé n’est pas tout à fait faux. Je ne connais pas la moyenne de pages des romans de l’auteur mais il est vrai que la plupart de ses livres sont assez importants en termes de nombre de pages.

En conséquent, j’entends souvent que ses romans sont longs, car c’est un auteur verbeux, qui a l’habitude d’étirer en longueur inutilement ses histoires et c’est là que je ne suis pas d’accord. Oui, ses romans sont souvent longs mais, en grande majorité, ils n’en sont pas pour autant ennuyeux. Lorsque Stephen King s’étale et s’accorde certaines digressions, la plupart du temps, c’est non seulement pour installer l’ambiance de ses romans, mais aussi et surtout pour donner plus de corps à ses personnages. Le fait de leur créer un passé, de connaître leurs petites manies, leurs défauts, leurs espérances, leurs déboires, … Ne fait que les rendre plus réels, plus humains et pour moi, c’est l’une des plus grandes forces de Stephen King en tant qu’auteur.

Et puis n’oublions pas qu’il atout de même publié un nombre non-négligeable de romans à la taille plutôt classique voire carrément courts tels que : Carrie, Christine, Elévation, Misery, Running man, Marche ou crève ou plus récemment Après. Donc si vraiment les pavés vous effraient, sachez que ce n’est plus une excuse pour ne pas lire Stephen King.

Préjugé n°3 : Stephen King c'est de la "sous-littérature"

Les romans de Stephen King ont longtemps souffert de l’étiquette de sous-littérature et si aujourd’hui il n’est plus aussi mal vu de lire un roman de King, comme c’était le cas, il y a encore quelques dizaines d’années, il n’en reste pas moins que cette image de « « sous-littérature » continue à lui coller à la peau.

Alors, tout d’abord, il faudra qu’on m’explique ce qu’est très exactement la « sous-littérature ». Je pense qu’avec la diversité littéraire disponible aujourd’hui, les gens ont désormais bien compris qu’en termes de lecture il n’y a pas QUE la littérature blanche de chez Gallimard et c’est tant mieux. Pour moi, il n’y a pas de sous-littérature. Il existe plein de genres de littérature différents dans lesquels on trouve des romans certes plus ou moins qualitatifs, mais il serait temps qu’une bonne fois pour toutes, que ce terme de sous-littérature disparaisse du vocabulaire, que ce soit pour parler de Stephen King ou de n’importe quel auteur.

Il est vrai qu’au début de sa carrière, et cela a certainement dû être renforcé par le fait qu’il écrivait plutôt des romans de type horreur, Stephen King était vu par la critique comme une sorte de bouffon littéraire qui divertissait les foules. Certes, les auteurs dits « populaires » ne sont bien souvent pas acclamés par la critique professionnelle, en attendant, ils sont à l’origine de la majorité des romans lus par les lecteurs lambdas.

Alors oui, pour les critiques littéraires conventionnels dont c’est le métier, Stephen King n’est probablement pas aussi littérairement important que d’autres noms chers à leur cœur, mais pour le petit peuple, on peut dire que c’est un auteur qui compte, et qui compte énormément même.
Cependant, côté critiques pros, je pense que depuis quelques dizaines d’années déjà, le vent a pas mal tourné. J’en veux pour preuve le nombre important de prix littéraires et récompenses diverses que Stephen King a reçu et continue de recevoir régulièrement.

Aujourd’hui King est l’un des auteurs les plus vendus et lus dans le monde alors qu’on arrête de prendre les gens pour des jambons et que la vieille critique conventionnelle ravale sa verve, car si ses textes étaient si mauvais que cela, il n’en serait pas là où il en est aujourd’hui et les lecteurs lambdas auraient arrêté de le lire il y a belle lurette.

Préjugé n°4 : Stephen King écrit trop et ne peut donc pas produire de la qualité

En parallèle de cette image de « sous-littérature », j’ai aussi souvent entendu la remarque qu’à écrire autant, il ne pouvait produire de la qualité.

C’est vrai que Stephen King est très prolifique puisqu’il sort 1 à 3 publications par an (tous genres confondus, que ce soit des romans purs ou encore des nouvelles, des essais, des collaborations, etc.). Effectivement, peu d’auteurs sortent autant de publication par an, mais objectivement, peu d’auteurs sont également aussi débordants d’imagination que Stephen King.

Ceci dit, comme tout auteur je pense, il a ses hauts et ses bas et par conséquent, tous ses titres ne se valent pas, c’est certain, mais c’est quelque chose qui se retrouve chez tout auteur à la bibliographie bien fournie. Cela est, je pense, d’autant plus renforcé par le fait que Stephen King écrit dans des genres très différents et par conséquents, ses lecteurs peuvent accueillir différemment ses romans s’ils sont dans des genres qu’ils apprécient plus ou moins.

Préjugé n°5 : Stephen King est misogyne

J’ai très (trop ?) souvent entendu que Stephen King était misogyne et avant de vous avancer des faits et de vous donner mon point de vue sur le sujet, je voudrais faire un point qui me semble important sur ce qui relève des paroles de l’homme et sur les paroles proférées dans ses romans.

Dans ses livres, King s’applique bien souvent à présenter une photographie réaliste et sans fard de ses semblables et si certains personnages sont ainsi des personnes touchants et animés de bonnes intentions, d’autres à contrario sont pourris jusqu’à la moelle, tout comme dans la vraie vie malheureusement.
Oui, dans ces livres on peut lire des remarques misogynes à souhait ou encore des répliques totalement homophobes, mais celles-ci ne sont pas à attribuer aux pensées et aux valeurs de l’auteur. Elles sont là pour appuyer la personnalité d’un protagoniste et non établir des avis partagés par l’écrivain.

Ce petit point fait, il est vrai que Stephen King a souvent été taxé de misogyne et sans dire qu’il l’était, il a reconnu que sa femme Tabitha King l’avait éduqué ou en tout cas l’avait ouvert à des questions féminines sur lesquelles il ne se serait peut-être pas penché sans elle.

Personnellement, je n’ai jamais eu le sentiment lors de la lecture d’un de ses romans qu’il était misogyne. J’ai même presque envie de dire qu’au contraire, c’est l’un des rares auteurs que je lis régulièrement qui n’hésite pas à mètre en scène des femmes, des femmes de tous les jours avec leurs forces et leurs faiblesses et non des fausse badass aux relents de super-héroïnes américaines.

Bon nombre de ses romans ont pour personnage principal une femme. Si l’on met de côté le roman Misery dans lequel le personnage d’Annie est fortement dérangé (voire totalement psychopathique) et n’est donc pas ce qu’on pourrait appeler une vision positive de la femme, j’ai en tête pléthore d’autres références de femmes fortes et combatives au centre de l’histoire comme dans : Rose Madder, Jessie, Le fléau, 22/11/63, Ça (Beverly est la seule fille au milieu d’un groupe de garçons et elle est loin de se laisser marcher sur les pieds), La petite fille qui aimait Tom Gordon, Dolores Claiborne et j’en passe.

Et puis, je tiens tout de même à noter que le premier roman publié de Stephen King n’est autre que Carrie (sauvé de la poubelle familiale par sa femme) dans lequel là encore le personnage principal est une jeune fille et dans lequel, quand on y pense, tous les personnages importants sont des personnages féminins : Carrie, sa mère, la détestable Chris, Susan ou même la gentille prof Melle Desjardin. Finalement, le seul personnage masculin, présent (ou quasiment) est Tommy, un type qui obéit au doigt et à l’œil à sa copine et qui va inviter Carrie au bal parce que sa copine lui a demandé de le faire ! En somme, un être plutôt malléable voire soumis à … Une figure féminine.

Je pense que cette idée que Stephen King serait misogyne a été renforcée par les adaptations cinématographiques de certaines de ses œuvres. En disant cela, je pense par exemple au très célèbre Shining de Stanley Kubrick. En effet, dans ce film, le personnage de Wendy, la mère, est l’archétype même de la femme soumise, presque miséreuse et souffreteuse qui se comporte quasi constamment comme un petit animal apeuré. En bref, une sorte de nunuche flippée (oui, je déteste ce personnage.).

Cependant, si vous ouvrez le roman de King, vous découvrirez un personnage totalement différent ! La Wendy de King n’a strictement rien à voir avec celle de Kubrick ! (Ce n’est bien sûr qu’un point parmi tant d’autres de dissemblance entre les deux.). Dans le roman Shining, Wendy est certes une femme qui en a bavé par moment avec son mari qu’elle comprend de moins en moins, mais elle ne se laisse pas faire ! Bien au contraire ! Et jusqu’à la fin elle est portée par un très fort sentiment non seulement de maternité et de protection envers son fils, mais aussi de survie et pour cela, elle n’hésite pas à prendre les choses en main !

Enfin, il y a quelques années, Stephen King a signé avec son fils Owen un autre roman qui prouve une fois de plus qu’il n’est pas misogyne : Sleeping beauties. S’il y a bien un roman dans lequel la femme est au cœur du débat, c’est bien Sleeping beauties. Bien que ce ne soit pas l’un de mes romans préférés de l’auteur, il est certain que dans cette histoire dans laquelle les femmes « disparaissent » du monde qu’elles partagent avec les hommes pour « revivre » dans un autre monde 100% féminin, ces messieurs en prennent pour leur grade ! Ce que j’aime, c’est que malgré tout, cela reste un roman en nuances, qui ne tombe pas non plus dans le tout blanc ou tout noir, mais qui pour moi termine de clôturer ce faux débat sur la potentielle misogynie de l’auteur.

Préjugé n°6 : les romans de Stephen King sont ennuyeux

Citez-moi un auteur ayant écrit autant de romans que Stephen King l’a fait et dont tous les titres sont de pures réussites de bout en bout. J’attends… Non plus sérieusement, Stephen King est l’un des auteurs les plus prolifiques du 20e et 21e siècle. Il sort au minimum une production par an et s’est essayé à pratiquement tous les genres littéraires donc forcément, au global, certains de ses essais sont plus réussis que d’autres.

De plus, Stephen King est un auteur de la psychologie et de l’ambiance. Ces deux aspects sont toujours très travaillés, très approfondis dans ses livres (ou presque) et par conséquent, il a parfois besoin de s’étendre sur certains aspects de ses personnages, sur leur passé ou encore sur l’histoire d’un lieu. Cela peut passionner certains lecteurs (comme moi) mais je comprends aussi que d’autres lecteurs aiment lorsque les auteurs sont plus directs et vont un peu plus droit au but.
Moi-même, j’apprécie cela chez certains romanciers notamment de thrillers français. Mais lorsque je me lance dans un roman de Stephen King, j’aime me laisser porter par sa fibre de fabuleux raconteur d’histoires qui me plonge dans un monde et des méandres profonds qui n’appartiennent qu’à lui.

En toute honnêteté, je ne peux pas dire que jusque-là, je me sois ennuyée à la lecture d’une histoire de King. Oui, parfois, j’ai ressenti certaines longueurs (comme dans Sleeping beauties notamment ou encore dans Sac d’os ou Cellulaire) mais de là à dire que je me suis ennuyée de bout en bout, non.
Maintenant, si vous appréciez les romans page turner qui n’appellent pas à trop de développement et que vous n’êtes habitués qu’à ce type de lecture, alors je comprends que vous puissiez trouver King ennuyeux. Tout dépend des envies et des attentes d’un lecteur face aux romans qu’il choisit de lire.

Bien sûr, Stephen King est mon auteur favori et par conséquent même si j’ai tenté d’être la plus objective possible, mon avis comporte forcément une part de subjectivité. Néanmoins, je ne démordrais pas du fait que certains préjugés à son propos sont totalement infondés et j’en ai surtout marre de les entendre se perpétuer depuis des décennies alors si à ma minuscule échelle, je peux arriver à amener certaines personnes à revoir leur jugement sur la question, dans ce cas on petit laïus n’aura pas été vain.

Cette petite liste est bien entendu non exhaustive et je serais d’ailleurs curieuse de connaître les préjugés littéraires qui vous agacent que ce soit à propos de Stephen King ou d’un autre auteur ou encore d’un genre littéraire donc dites-moi tout cela en commentaires et ouvrons les débats (dans le respect de l’autre et en toute intelligence bien entendu).

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