Aux vents mauvais - Elena Piacentini

Après avoir lu "Comme de longs échos" qui est le premier tome d’une saga de l’auteure, j’ai lu "Aux vents mauvais" qui est lui le dernier tome en date d’une autre de ses sagas policières. Et je dois dire que dans l’ensemble, j’ai quand même moins aimé ce roman-ci. 

Tout d’abord, j’ai trouvé le style d’écriture très brouillon. J’ai mis vraiment longtemps à rentrer dans l’histoire car je ne comprenais pas qui était qui, de quoi l’auteure me parlait, qu’elle était la situation de départ car en effet, elle met en parallèle plusieurs histoires avec différents protagonistes et en plus de cela, son style est souvent métaphorique ou en tout cas imagé et j’avais beaucoup de mal à raccrocher les wagons. Sincèrement, pendant pratiquement 200 pages, j’avais un ressenti très mitigé voire défavorable quant à cette lecture. Je trouvais l’ensemble vraiment trop brouillon, je n’accrochais pas du tout à la plume et j’avais même l’impression qu'Elena Piacentini tentait de faussement complexifier son style, mais qu’au final, cela ne faisait que brouiller encore plus la lecture. 

Il faut dire que n’ayant pas lu les tomes précédents de la saga, cela n’a pas non plus aidé à y voir clair rapidement. Et puis dans les 100 dernières pages, j’ai commencé à apprécier certaines des choses que je lisais. Vous me direz, c’est un peu tard. Oui, mais c’est mieux que rien ! 

J’ai eu vraiment beaucoup de mal au début avec le personnage de Léoni. Je ne m’attachais pas du tout à lui. Son côté corse ne me parlait pas et j’avais vraiment du mal avec certaines de ses réactions et puis sur la fin, il laisse entrevoir certaines failles ou en tout cas certains traits d’humanité et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à l’apprécier. J’ai aussi eu une petite déception quant à l’ambiance de ce roman, car si avec "Comme de longs échos" j’avais bien été transportée dans la région lilloise, ici, alors que l’histoire se déroule encore à Lille et ses environs, je n’ai pas du tout eu le même ressenti. En vérité, le récit aurait pu prendre place en Bretagne ou dans le Sud Ouest que ça n’aurait rien changé du tout tant l’empreinte territoriale et l’ambiance régionale qui en découle généralement étaient quasi inexistantes. 

Pour ce qui de l’intrigue de ce roman, il y avait du très bon, mais aussi du très décevant. Tout d’abord, ce n’est pas vraiment une intrigue que nous avons, mais plutôt plusieurs qui ne s’imbriquent pas forcément bien et cela donne une fois de plus une impression de fourre-tout et de fouillis qui ne m’a pas lâché tout au long de ma lecture. La résolution des enquêtes en elle-même est très classique voire bateau. Rien de surprenant ni de très original. 

Par contre, ce que j’ai beaucoup aimé, c’est que l’enquête principale soulève une thématique en rapport avec l’histoire moderne de la France. Un fait très peu connu car dissimulé par l’Etat et j’ai trouvé cela très bien, et même important de l’avoir mis en avant dans "Comme de longs échos". Malheureusement, je trouve que l’auteure aurait dû bien plus creuser le sujet. Il y avait bien plus à en dire, j’en suis persuadée et plutôt que de se perdre à travers plusieurs autres pseudo-intrigues secondaires, elle aurait dû recentrer son propos et donner à cet événement trop peu connu la vraie place qu’il méritait. 

On sent aussi tout au long de la lecture, mais également dans la fin du livre l’avis politique de l’auteure et d’ailleurs "Comme de longs échos" présente certains aspects et orientations politiques à peine voilées. Ce n’est pas quelque chose qui me pose problème, mais j’ai trouvé qu’elle aurait pu le faire avec beaucoup plus de finesse et de nuances. Pour le coup, je trouve qu’elle y est un peu allée avec ses gros sabots et c’est dommage. 

Par contre, je tiens à noter que j’ai eu un petit coup de cœur pour le personnage de Colette. Cette grand-mère rock n'roll, écolo convaincue, avec un caractère aussi gros que ses engagements m’a autant touché qu’elle m’a fait rire. J’aurais adoré avoir une grand-mère comme elle qui déménage, qui n’a pas froid aux yeux et qui sait foncer quand la situation le demande. S’il y a un personnage que je retiens de ce roman, ce sera elle et aussi, je dois le reconnaître, le personnage de Jean-Toussaint qui a su m’attendrir même s’il a fallu là encore un certain nombre de pages avant que sa magie n’agisse sur moi.

Dans l’ensemble, je dois donc dire que je ressors assez mitigée de cette lecture, car si la thématique de fond est importante et que j’ai adoré qu’elle soit mise en avant au travers de ce livre, je l’ai aussi trouvé bien trop timide. En plus de cela, même si certains personnages ont su tirer leur épingle du jeu, de manière générale, j’ai bizarrement eu du mal à m’attacher à la plupart d’entre eux malgré leurs histoires personnelles et leurs sentiments louables. 

"Comme de longs échos" m’a fait l’effet d’un imbroglio, d’un brouillon d’idées jetées sur le papier, mais qui auraient méritées d’être triées et un peu plus mises au clair. Après ma très bonne surprise suite à ma lecture de "Comme de longs échos" j’avoue être un peu refroidie par rapport à Elena Piacentini. Je pense donc qu’il faudrait que je teste d’autres romans d’elle pour savoir finalement de quel côté mon cœur balance.