Résumé du livre Délicieuse - Marie Neuser
L'histoire commence ainsi : une femme parle à l'homme qu'elle aime. Devant elle : les restes d'un repas. Plutôt que le papier, elle a choisi l'écran. À l'intimité d'une lettre, elle a préféré la vidéo et la multitude des réseaux sociaux. Cette femme, c'est Martha Delombre, psychologue criminelle habituée aux confessions les plus abominables. C'est désormais à son tour de se confesser. L'impudeur ? Peu lui importe, car tout le monde doit savoir. À commencer par lui. Le traître.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Délicieuse - Marie Neuser
"Délicieuse" est l’un des rares romans de Marie Neuser que je n’avais pas encore lu et qui conforte dans ce que je pensais déjà de cette auteure. Tout d’abord, qu’elle a un vrai talent d’écriture. C’est indéniable, lorsqu’on la lit, on comprend très rapidement qu’elle a le sens des images par les mots, de la phrase qui fait mouche, d’une certaine mélodie dans l’écriture. On sent que chaque phrase est étudiée, composée et on se laisse porter par ce flot de mots, très littéraire, parfois un peu pompeux, c’est vrai, mais preuve en tout cas d’un vrai talent d’écriture.
J’ai aimé le début du roman et le principe de narration que nous propose Marie Neuser. En effet, cette histoire finalement, c’est une sorte de confession d’une femme à la dérive, une diatribe d’une femme bafouée qui ouvre les vannes et laisse tout sortir. Si j’ai donc aimé le principe que j’ai trouvé original, j’ai par contre par moment été gênée par la longueur de ce flot verbal. Les 200 premières pages ne sont pratiquement qu’une très longue lamentation d’une femme triste et amère qui voit sa vie complètement remise en question. Et si certains passages étaient vraiment intéressants, j’ai trouvé que dans l’ensemble, ce roman aurait mérité d’être amputé de 200 pages.
Et puis j’avoue, je n’ai pas accroché avec Martha. Oui son mari s’est comporté comme un mufle et c’est clair que je n’aurais pas aimé être à sa place mais ses jérémiades à n’en plus finir et ses changements d’humeur incessants, certaines de ses actions et de ses choix en ont finalement fait à mes yeux une personnes très peu agréable. De façon générale d’ailleurs, aucun des quelques protagonistes dont recèle cette histoire n’était agréable. Tous ont bien plus brillé par leurs petits travers et gros défauts que par leurs qualités. J’ai donc cruellement manqué d’empathie pour ce personnage qui par moment, je l’avoue me tapait un peu sur le système.
Ce que j’ai par contre beaucoup aimé dans "Délicieuse", et c’est d’ailleurs là-dedans que je préfère Marie Neuser en général, c’est finalement dans son appropriation de la vérité et de faits divers. Ainsi, j’ai apprécié toute la critique que l’auteure dresse de certains travers de notre société actuelle, de la dérive et la bêtise parfois des réseaux sociaux ou plus exactement des gens sur les réseaux sociaux, mais aussi de la mise en avant et la "starisation" de personnes sans talent aucun si ce n’est de présenter une plastique aussi lisse et vulgaire qu’elle n’est bien souvent fausse. Cette sorte de glorification malsaine de la bêtise humaine. Tout ce côté-là du roman était très intéressant et m’a bien plus touché et intéressé que les tribulations et projets de vengeance d’une femme trompée.
Et puis j’ai bien sûr aimé tous les passages où il est question du travail de Martha qui est psychologue criminelle. J’ai particulièrement aimé la façon dont l’auteure s’est appropriée et s’est servi de l’histoire de Lucas Rocco Magnotta (que l’on rencontre bien sûr sous un autre nom) pour donner du corps à son roman. J’aime quand elle s’appuie sur des faits réels, sur de vrais tueurs pour mettre en forme son propos parce que je la trouve bien plus efficace et agréable à lire dans ce genre-là que dans la fiction pure. J’ai aussi apprécié toutes les références musicales dont est égrène le récit et les clins d’œil au King.
En résumé, c’est donc malgré l’indéniable talent d’écriture de l’auteure, "Délicieuse" fut une lecture en demi-teinte dont je ressors un peu déçue. Je ne peux dire autre chose que je me suis pas mal ennuyée et comme je l’ai dit pour moi, Marie Neuser aurait vraiment gagné en efficacité et aurait pu livrer un roman plus percutant en taillant largement dans le lard de tous ces longs passages d’apitoiement et de lamentation de Martha qui ont franchement fait retomber mon entrain pour cette lecture. Néanmoins, comme je l’ai dit, j’ai aussi beaucoup aimé toute une partie de l’histoire, tout ce qui finalement, ne concernait pas cette petite guéguerre entre ces deux femmes qui se battent pour un homme qui de toute évidence n’en vaut vraiment pas la peine.
Si le triangle amoureux m’a donc franchement laissée de marbre, j’ai par contre plutôt aimé tout le reste. Un roman très difficile à conseiller donc, car pour moi, il présente vraiment deux facettes très différentes. J’ai beaucoup aimé la fin, pas tant pour son côté surprenant parce que franchement, je l’avais vu venir dès le début, mais plus par la réflexion qu’elle amène et par l’ironie presque qu’elle présente.
"Délicieuse" est une lecture que je suis heureuse d’avoir faite afin de compléter ma découverte de la bibliographie de l’auteure, mais qui ne sera pas pour moi l’un des meilleurs de Marie Neuser.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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