Résumé du livre Le chant du silence - Jérôme Loubry
Le père de Damien s’est jeté du haut de la baie des veuves, cette falaise d’où les femmes guettaient autrefois le retour des bateaux de pêche. Damien se met donc en route pour régler les funérailles, tentant en vain d’éprouver de la tristesse. Durant l’été 1995, ce père qu’il aurait voulu aimer est devenu un meurtrier, les contraignant sa mère et lui à déménager à l’autre bout de la France car la ville entière maudissait leur nom. Damien n’est jamais revenu. La seule lumière dans ce pèlerinage douloureux est qu’il va revoir Oriane, son amour d’enfance. Mais, arrivé dans le quartier des pêcheurs désormais à l’abandon, il fait une découverte qui remet tout en question. Et si la vérité sur l’été 1995 était autre ?
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Le chant du silence - Jérôme Loubry
Jusque-là, j’ai lu des romans de Jérôme Loubry plutôt dans la pure veine du thriller et du roman policier, or avec "Le chant du silence" j’ai plutôt eu l’impression de lire un roman contemporain qui glisse petit à petit vers le roman noir et j’ai beaucoup aimé. C’est donc un roman de l’auteur un peu différent de ce que j’ai pu lire de lui jusqu’à présent même si au fond, Loubry continue de faire du Loubry en jouant avec les apparences et les faux-semblants.
Dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé cette histoire. Tout d’abord, j’ai adoré l’ambiance globale. Tout du long, on est sur cette côte qui sent les embruns, où l’on entend le bruit des vagues et le cri des mouettes et où l’on voit passer les bateaux et les marins drapés de leurs cirés. Je n’ai eu aucun mal à imaginer ce petit bout de terre un peu paumé, entièrement tourné vers la mer et où la jeunesse n’a pas grand chose pour remplir ses journées.
J’ai beaucoup aimé le trio formé par Damien, Oriane et Gustave qui par moment m’ont rappelé le club des ratés présent dans "Ça" de Stephen King. J’ai aimé cette sorte de mélancolie, mais aussi d’insouciance et de candeur qui se dégageait des chapitres au passé. La construction narrative est plutôt bien maîtrisée. On a principalement des chapitres au passé et d’autres au présent, entrecoupés parfois de passages plus énigmatiques et d’extraits de journaux.
Si j’ai mis un peu de temps à me laisser porter, je pense qu’une fois passé une centaine de pages, j’étais totalement plongée dans cette histoire que j’ai lu avec beaucoup de plaisir et d’attention. Petit à petit, les questions font surface et le suspense s’insinue au compte-gouttes. La montée en pression se fait vraiment doucement et de façon crescendo. Finalement, j’ai trouvé la fin peut-être un peu rapide (et en même temps, aurait-il été utile de la faire plus traîner en longueur ?). Pour ma part, s’il y a une chose que m’aura un peu déçu et qui aura fait que cette lecture restera une bonne lecture, mais pas un coup de cœur, c’est justement la fin.
Tout d’abord parce que j’ai tout compris à la moitié du roman. Jusqu’à la fin, j’ai eu espoir de m’être trompé, mais non, tout ce que j’avais imaginé était vrai. Je n’ai pas du tout été surprise par le dénouement. Ceci dit, ce paramètre déceptif est en grande partie dû au fait que non seulement je lis beaucoup de thrillers et romans policiers et que par conséquent, j’ai un certain bagage en termes de schémas narratifs, de retournements de situations ou encore de résolution de mystère, mais aussi parce que j’ai déjà lu plusieurs romans de Jérôme Loubry et que je sais désormais comment il fonctionne. Il est donc de plus en plus rare que les auteurs arrivent à me surprendre, mais c’est le jeu et c’est malheureusement la contrepartie au fait de lire beaucoup de romans de ce genre.
Hormis cette absence de surprise qui m’est personnelle (et je ne doute pas que la fin saurât surprendre les lecteurs assez peu habitués du genre.), j’ai par contre déploré que dans cette résolution, l’auteur ai manqué de finesse. En effet, je trouve que l’un des personnages a été dépeint avec des traits de personnalité plus grossiers qu’il n’était nécessaire et je suis persuadée que si Jérôme Loubry avait fait preuve de plus de nuances et de finesse dans l’écriture des dernières scènes, son roman aurait gagné en intensité et en émotions.
J’ai aussi beaucoup aimé que dans "Le chant du silence" l’auteur explore la thématique des non-dits, des secrets et des silences principalement dans le milieu familial. C’est un roman dans lequel il est énormément question de filiation sous toutes ses formes, de liens familiaux et de construction identitaire au sein d’une famille. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé la façon dont l’auteur a traité de la parentalité ainsi que le fait qu’il fasse part d’un sujet autour de cela encore très tabou et peu abordé en littérature. Bien sûr je ne peut en dire plus à ce sujet au risque de spoiler mais c’était très intéressant et en même temps, l’aurais aimé qu'il aille beaucoup plus loin quant à ce sujet qui était finalement trop peu présent à mon goût.
En résumé, donc, j’ai passé un très bon moment de lecture avec "Le chant du silence" même si la fin était tout à fait attendue pour ma part. Ce roman me conforte dans mon idée que Jérôme Loubry est un auteur français à suivre, qui a son univers que j’apprécie plutôt bien et qui a le mérite de proposer des histoires avec une empreinte qui lui est propre. Même si ce ne fut pas le coup de cœur auquel je m’attendais au début de ma lecture, il n’en reste pas moins que ce livre m’a donné envie de continuer de découvrir, si possible rapidement, en autres romans de l’auteur.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
Ajouter un commentaire