Résumé du livre L'éducation physique - Rosario Villajos
Un soir d’été, celui de ses 16 ans, Catalina quitte précipitamment la maison de sa copine avant qu’on la raccompagne. Il n’y a plus de bus, elle part sur la route et décide de faire du stop.
Elle a peur des mauvaises rencontres mais aussi du couvre-feu imposé par ses parents. Entre 18h15 et 21h45, on va la suivre dans ses pensées et sa relation à un corps qu’elle n’arrive pas à apprivoiser et dont elle n’arrive pas à comprendre le regard qu’y posent les autres.
L’auteure transfère sur le plan physique l’éducation sentimentale de son héroïne, reflet de la vie et de l’époque, pour nous suggérer que le corps est le champ de toutes les batailles des femmes quel que soit le moment et qu’il reflète les tensions et les violences de chaque temps.
Un livre parfaitement actuel sur le désir de liberté et le corps féminin comme champ de conflit émotionnel, affectif et politique. Un roman juste, universel et plein de tendresse.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de L'éducation physique - Rosario Villajos
Il ne va pas être simple pour moi de parler de "L'éducation physique", car il y a des éléments que j’ai beaucoup appréciés et d’autres qui m’ont un peu posé problème. Je n’avais jamais lu Rosario Villajos, mais une chose est certaine, si vous êtes une femme, forcément à un moment ou un autre, certains passages de ce roman vous parleront. En effet, bien que l’histoire se déroule à la fin des années 80, début des années 90, malheureusement certains comportements et réflexions qui y sont décrits sont toujours d’actualité.
Au travers des pensées et du récit de la vie de Catalina, l’auteure finalement nous dresse le portrait de pas mal de choses qu’une jeune fille, puis une femme va devoir subir juste parce qu’elle est née dans un corps de femme. Au-delà de parler des difficultés que peut représenter l’adolescence à cause des changements physiques et hormonaux, de la découverte de la sexualité et également des codes de la société, "L'éducation physique" aborde au sens large le sexisme ordinaire, le sexisme intégré, mais aussi par moment la masculinité toxique.
Je tiens à le préciser, ce roman est un récit très immersif. Finalement on suit assez peu le trajet en stop et la fuite de Catalina qui n’est concrètement qu’un prétexte pour venir raccrocher moult souvenirs et anecdotes de sa vie de petite fille et d’adolescente puisque dans ce livre, Catalina a 16 ans. Pour ma part, c’est peut-être le plus gros bémol que j’adresserai à ce texte. En effet, si les thématiques soulevées sont ultra intéressantes, le ton de la narration était parfois un peu trop ronronnant pour moi. Il n’y a pratiquement pas de dialogue et finalement tout du long, on ne cesse de nous énumérer des événements de la vie de Catalina et ses questionnements présents et passés.
Il faut dire que la pauvre vit en plus entre un père machiste et extrêmement froid et une mère soumise et peu aimante qui refuse de l’éduquer sur tout aspect ayant un attrait à la féminité comme si être une femme était par définition quelque chose de sale qu’il fallait cacher. Elle est également constamment mise en comparaison avec son frère aîné à qui contrairement à elle, on passe tout. Catalina vit donc dans une sorte de soumission permanente et de non connaissance de sa sexualité et de son propre corps ce qui ne l’aide clairement pas à savoir comment réagir face à telle ou telle situation du quotidien. On voit qu’elle n’a pas les codes et que donc bien souvent elle se retrouve obligée de mentir ou de faire semblant.
À travers ce personnage, Rosario Villajos a dressé le portrait de ce qu’est pour beaucoup la période de l’adolescence à savoir une période de découverte, mais aussi et surtout de doute permanent sur tout, que ce soit sur son physique, ses réactions, son orientation sexuelle, ses désirs,… Elle montre par ce récit l’importance d’éduquer les filles à propos de leur corps, sur ce qu’elles sont en droit d’accepter ou non de la part d’autrui. J’ai par contre trouvé dommage qu’elle n’ai pas contrebalancé cela avec le côté "éducation des garçons". En effet, dans cette histoire tous les personnages masculins ou presque sont des agresseurs actifs ou potentiels et les discours et actions répréhensibles ne sont jamais contredits ou remis en question. J’ai eu le sentiment que l’auteure ne souhaitait que s’adresser aux femmes alors qu’elle aurait pu en faire un roman beaucoup plus universel et donc je pense aussi plus intéressant.
Je regrette également qu’elle ait laissé planter une sorte de flou concernant la "maladie" vécue par Catalina lors de son enfance. Régulièrement dans l’histoire, on en reparle. On sait qu’elle a été hospitalisée et a subit une opération, mais jamais il n’est clairement dit qu’elles étaient les raisons de cette opération. J’ai par contre beaucoup aimé le côté année 80/90, sans la technologie que l’on connaît désormais. J’ai aussi bien sûr apprécié dans "L'éducation physique" tous les rappels à la musique et notamment à Nirvana puisque j’en était moi-même fan lors de mon adolescence. Cela ainsi que quelques autres détails ont fait que par moment, j’arrivais à me retrouver dans le personnage de Catalina. Enfin, j’ai apprécié la fin qui m’a enfin apporté une petite touche de lumière et d’espoir que je désespérais un peu de voir surgir durant tout le reste du récit.
En résumé, si j’ai apprécié les thématiques abordées par l’auteure que je trouve importantes et malheureusement toujours d’actualité pour la plupart, j’avoue que le style d’écriture et la narration parfois trop ronronnants et linéaires m’ont par moments dérangé et ne m’ont pas permis de développer toutes les émotions que j’aurais aimé ressentir à la lecture de "L'éducation physique". À lire si les sujets de la féminité, des carcans sociaux imposés aux femmes et des violences sexistes et sexuelles vous intéressent, mais que vous appréciez également les plumes blanches parfois un peu ronronnante.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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