Résumé du livre Les hordes invisibles - Louise Mey
" Il n'avait rien de spécial. Il était le visage dans la foule, le copain, le frère, le fils, il était ordinaire et sa capacité à la haine aveugle n'en semblait que plus inquiétante. " Francesca, Ilana, Clémentine. Des femmes comme elles, il y en a des milliers, qui prennent la parole sur les réseaux sociaux. Et de l'autre côté de l'écran, dans l'intimité d'une chambre ou la foule d'une rame de métro, des hommes guettent, harcèlent, menacent de viol ou de mort. Sous pseudonyme, en ligne et en liberté. Et avec le sentiment d'une totale impunité.
Le quotidien d'Alex et Marco au sein de la Brigade des crimes et délits sexuels n'obéit qu'à un credo : fais comme tu peux. Le jour où les plaintes de Francesca, Ilana et Clémentine arrivent sur leur bureau, des difficultés nouvelles surgissent. Comment traquer des individus sans signe distinctif et qui ne laissent aucune trace ?
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Les hordes invisibles - Louise Mey
Et voilà, je viens de refermer le dernier roman de Louise Mey que je n’avais pas encore lu et une fois de plus, je suis estomaquée, mais également assommée et en colère. Au-delà de la qualité d’écriture de cette auteure, elle a surtout le don de mettre en lumière les victimes et d’appuyer là où ça fait mal et de façon répétée tant et si bien qu’on fini étourdi pas l’absurdité et l’horreur humaine.
Louise Mey ne parle pas de tueur en série, de psychopathe sanguinaire non, elle n’en a pas besoin. Elle nous entraîne dans le quotidien d’une brigade de police spécialisée dans les crimes et délits sexuels, dans un quotidien tristement réaliste et actuel et c’est bien ce qui fait toute l’horreur de "Les hordes invisibles". C’est le fait que ce qu’elle écrit n’est que le pur reflet d’un quotidien dans notre société française, celle d’un pays dit évolué et civilisé dans lequel pour autant chaque jour, un nombre incalculable de femmes subissent des comportements d’autrui dignes d’animaux. Et encore, c’est faux. Les animaux sont bien plus intelligents et respectueux que ça.
Dans "Les hordes invisibles", on replonge une fois de plus au sein de la Brigade des crimes et délits sexuels, comme dans le roman "Les ravagé(e)s". Pour moi, ce roman est d’ailleurs à aborder comme une vraie suite, car non seulement on y retrouve les mêmes enquêteurs, mais surtout, on y reparle clairement de ce qui se passe dans "Les ravagé(e)s" et on revient sur le dénouement de l’affaire donc attention au spoil. Lisez bien ces deux romans dans le bon ordre.
J’ai très vite retrouvé l’énorme attachement aux personnages et notamment à Alex et Marco. Des flics qui tous (ou presque) se démènent et se donnent corps et âme pour écouter les victimes et leur apporter soutient et justice du mieux qu’ils peuvent avec les outils qu’ils ont et le système dont ils dépendent. Au niveau de la construction du roman et de la façon de narrer leur quotidien, j’ai là encore retrouvé la même dynamique et façon de faire que dans le film "Polisse" car les affaires successives sont entrecoupées de passages de la vie personnelle des enquêteurs, mais aussi de discussions entre les enquêteurs, au sein des bureaux de la brigade.
Notons une fois de plus que cette brigade n’existe pas dans la réalité (en-tout-cas pas actuellement) et que lorsqu’on lit "Les hordes invisibles" on se dit que pourtant cela tombe sous le sens et cela me semble une aberration qu’elle n’ait pas encore vu le jour. La plume de Louise Mey est toujours aussi percutante, incisive et crue dans le sens où elle dépeint la réalité avec une telle précision sans rien passer sous silence et en montrant tous les détails cruels et abjects qu’elle en devient violente et pure à la fois. Parce que de la violence, c’est ce dont il est question tout au long de ce roman. La violence physique ou morale, virtuelle ou IRL, envers les femmes et au quotidien. Et mon Dieu que c’est effarant !
Comme dans son précédent roman sur le sujet, elle avance des chiffres qui viennent appuyer son propos et c’est désarmant de savoir qu’on en est là. Ce que j’aime, c’est qu’une fois de plus, elle remet vraiment les victimes au centre des choses et leur donne une parole certes fictionnelle, mais qu’on imagine 1000 fois prononcée dans la vie réelle. Ce roman est d’une grande violence, parce qu’on y a une accumulation de cas, d’agressions, voire pire, qui se succèdent jour après jour dans cette brigade avec le sentiment que le flot ne sera jamais endigué. La plume de Louise Mey est très forte, car elle appuie exactement là où ça fait mal et qu’elle revient gratter la blessure histoire de bien entériner son propos et c’est réussi.
Bien sûr, je suis une femme donc j’imagine que j’ai aussi vécu cette lecture avec mon regard de femme, mais j’ose espérer que chaque lecteur homme aura le même ressenti que moi à la lecture de "Les hordes invisibles". Mon seul conseil, c’est d’être un peu préparé avant la lecture de ce livre et d’être assez bien dans ses baskets car forcément, c’est une lecture qui plombe. C’est une lecture qui fait voir ce que parfois, on préférerait peut-être ignorer parce que cela nous semble trop surréaliste, trop cruel. C’est un roman qui parle bien sûr en majeure partie de cyberharcèlement, mais pas que. C’est un roman qui parle encore, mais très justement, des violences faites envers les femmes en France. C’est un roman qui parle aussi de tous ces professionnels (enquêteurs, mais aussi avocats et autres) qui se débattent contre le système parfois et contre un ras de marré de harceleurs voire plus, afin d’aider du mieux qu’ils peuvent les victimes. Bref, c’est un roman à lire.
C’est un livre coup de poing comme l’auteure sait si bien les écrire et qui devrait être lu et débattu dans les écoles. Par contre, vous l’aurez compris, c’est un roman à ne pas mettre entre les mains des lecteurs sensibles ou qui pourraient être heurtés par ces thématiques, car l’auteure ne mâche pas ses mots. Rien que la lecture du premier chapitre est une énorme gifle qu’on se prend en pleine face, une gifle de violence pure malheureusement vécue par de nombreuses femmes chaque jour et qui donne parfaitement le ton de l’histoire à venir. Oui, ce roman est fictif, et pourtant, il pourrait tellement être classé comme témoignage, j’en suis certaine. Pour moi, c’est donc un coup de cœur.
Un coup de cœur qui m’a mis un coup au moral et qui n’a pas été un plaisir de lecture dans le sens premier du terme car le sujet est trop lourd et trop réaliste et actuel, mais c’est sans doute possible un livre à découvrir si le sujet vous intéresse un tant soit peu. Je l’ai préféré à "Les ravagé(e)s" et j’ai désormais hâte de lire le prochain roman de Louise Mey, car elle ne m’a jamais déçue et chaque lecture d’un de ses romans ne m’a jamais laissée indemne. Une grande auteure qui n’a pas peur de frapper fort et qui devrait beaucoup plus être médiatisée et lue. Merci madame.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
Ajouter un avis