Résumé du livre Les larmes noires sur la terre - Sandrine Collette
Moe, 26 ans, hagarde, épuisée, son nourrisson dans les bras, est amenée de force dans un centre d'accueil pour déshérités, surnommé "la Casse". La Casse, c'est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales. Chaque épave est attribuée à une personne. Pour Moe, une 306 grise. Plus de sièges arrière, deux couvertures, et voilà leur logement, à elle et au petit.
Au milieu de l'effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin : dans sa ruelle, cinq femmes s'épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont les adopter elle et son fils. Leur force, c'est leur cohésion, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leur reste à toutes une chance de s'en sortir. Mais à quel prix ?
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Les larmes noires sur la terre - Sandrine Collette
J’ai déjà lu plusieurs romans de Sandrine Collette qui m’avaient plut sans pour autant me laisser un souvenir impérissable. Je pense que "Les larmes noires sur la terre" sera l’exception à la règle. Comme cette lecture m’a retourné les tripes et le cœur ! Attention, je tiens tout de suite à le préciser, c’est un roman extrêmement sombre et anxiogène qui m’a parfois clairement plombé le moral (bien que je sois habituée à lire des romans difficiles) donc si vous n’êtes pas dans un bon état d’esprit ou si vous-même n’êtes pas parfaitement bien dans vos baskets, évitez peut-être ce titre. Parce que lire "Les larmes noires sur la terre", c’est plonger dans les abîmes de la descente aux enfers, dans la pauvreté la plus extrême et tout ce que cela peut engendrer de détresse, de peur, de douleur et de choix impossibles.
Bien que ce roman se passe dans un futur que l’on n'imagine pas si lointain avec un système de camp qui n’existe pas en France, cette histoire a un côté si réaliste que le lecteur imagine sans peine tout ce qui lui est raconté et se projette facilement dans la vie de ces 6 femmes toutes différentes et pourtant unies par bien des aspects. C’est d’ailleurs ce qui est le plus difficile dans "Les larmes noires sur la terre", c’est cette projection, car le récit se fait parfois presque trop difficile pour être supportable. Ce roman n’est bien sûr pas sans rappeler les camps de concentration avec cette dimension d’existence probable future qui rend le tout glaçant. Et comme l’auteure sais parfaitement y faire pour nous décrire le quotidien des habitants de ce ghetto, on plonge la tête la première, on ressent le froid, l’humidité, la crasse, la fatigue extrême et on comprend la débrouille et l’entraide.
"Les larmes noires sur la terre" est un récit poignant, dur, âpre, déroutant parfois et cruel bien souvent. Je n’avais qu’une envie, c’était de panser les plaies multiples de ses femmes et de les emmener très loin de cet enfer qui les broie au quotidien. Et puis au milieu de tout cela il y a un enfant, qui représente à lui seul cette note d’espoir et la raison de se battre. Heureusement que l’on ne parle pas trop de lui parce que je crois que mon cœur de maman n’aurait pas supporté. C'est un livre qui a su parler de façon très réaliste et équilibrée à la fois d’humanité et d’inhumanité.
J’avoue qu’à un moment durant ma lecture, j’ai senti un ralentissement, presque une certaine lassitude, car j’avais l’impression que l’on allait sans fin s’enliser avec ce groupe de femmes, que tout n’allait être que suite de misère, de drames et de vains combats, mais heureusement, les passages dans lesquels on revient sur la vie des différents protagonistes permet un peu de couper cette dynamique. Côté style d’écriture, je savais déjà que Sandrine Collette avait une plume particulière, mais j’ai trouvé que cela était particulièrement présent dans "Les larmes noires sur la terre". C’est un style déroutant, qui ne plaira pas à tous les lecteurs j’en suis certaine et qui a pour vocation de faire ressentir les choses , de faire vivre l’histoire avec les personnages. C’est une plume presque organique, qui semble lâcher les mots comme on raconte une histoire qui nous pourrit les entrailles depuis trop longtemps et non une plume pensée, réfléchie pour sonner beau. Et pour autant, au milieu de cette noirceur et de cette cruauté, j’ai noté certaines phrases qui sonnent comme des sortes de fulgurances de justesse et de résumé d’une pensée profonde et éclairante.
Je ne vous cache pas que sur la fin, j’ai failli refermer le livre tant une scène m’a semblé trop dure et puis malgré tout, j’ai continué et je suis au final ravie d’avoir terminé ce livre. Parce que c’est une fin qui a le don de vous broyer le cœur en miettes pour ensuite venir délicatement ramasser les morceaux et vous dire "ça ira". C’est une fin que j’ai trouvé extrêmement forte en émotion et extrêmement réussie. Une chose est certaine, c’est que je me souviendrai longtemps de Moe et de ses comparses et surtout d’Ada, cette sorte de vieille sage du groupe qui m’a profondément touchée.
Je ne dirais pas que j’ai adoré "Les larmes noires sur la terre", car comme je l’ai dit, certains passages sont très difficiles et de façon globale, c’est un récit qui plombe le moral. C’est ce qui fait, je pense que j’avais envie de continuer et qu’en même temps au fond de moi, j’avais toujours cette petite réserve qui faisait que je ne dévorais pas mon livre. Cependant, si vous cherchez un roman fort en émotion, très humain tout en étant hyperréaliste et dans lequel des destins de vie vous marqueront, alors tentez ce titre qui, quoi qu’il advienne, a le mérite d’être original que ce soit dans l’histoire qu’il propose ou dans la plume de l’auteure.
Pour ma part, c’est donc avec plaisir que je continuerai de lire Sandrine Collette.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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