Les monstres - Maud Mayeras

Et voilà, j’ai lu le dernier roman disponible de Maud Mayeras et je suis triste. Triste parce que je ne peux donc plus lire de roman d’elle pour le moment (et je n’ai aucune idée de quand elle en publiera un nouveau.) et aussi parce que malheureusement, c’est à ce jour le roman de l’auteure que j’ai le moins aimé.

Jusque-là, j’ai toujours apprécié ses romans originaux et sombres à souhait. Dans "Les monstres", elle n’a pas dérogé à ses habitudes en plongeant le lecteur dans les recoins les plus sombres de l’humain. Avec Maud Mayeras, l’homme est capable de tout et surtout du pire. Et dans cette histoire, j’avoue qu’on touche le fond du fond. Attention aux âmes sensibles, elle n’épargne rien au lecteur, elle aborde des thématiques sensibles et fait vivre le pire avec ses personnages. En même temps on comprend mieux très clairement avec le résumé que l’on va suivre une mère séquestrée avec ses enfants donc partant de là, on se doute que ce roman va être extrêmement sombre.

Il y a des choses que j’ai vraiment beaucoup aimé. Et avant tout, j’ai apprécié une fois de plus la complexité et la psychologie des personnages. Comme à chaque fois avec elle, on est en présence de personnalités complexes, pleines de paradoxes et de nuances et j’adore en tant que lectrice quand je rencontre des personnages qui sont tout sauf lisses et qui du coup peuvent me surprendre à chaque page.

Dans ce roman, elle explore bien sur la question du monstre. Qu’est-ce qui définit un monstre ou non ? Elle joue avec cela, n’hésite pas à brouiller les rôles et c’était très intéressant. La dureté de certaines scènes et des thématiques abordées ne m’a pas dérangé parce que je m’y attendais complètement et que je connais désormais plutôt bien le style de l’auteure. Là où j’ai eu plus de mal, c’est avec un parti-pris artistique omniprésent.

En effet, dans "Les monstres", la dimension conte et plus largement histoire pour enfant qui crée une sorte de réalité alternative a une vraiment importance. Du coup, on se retrouve avec certains passages à la première personne très nébuleux et aussi avec des chapitres qui sont des extraits de contes créés de toute pièce et j’avoue que j’ai eu parfois du mal avec ces passages. Les moments un peu nébuleux sont généralement quelque chose que j’apprécie. J’aime ne pas tout comprendre tout de suite et me faire balader par l’auteur, mais à un moment, j’ai cru que l’on n'allait jamais en sortir et que jusqu’au bout, on allait rester avec cette histoire un peu sans queue ni tête. Quant aux contes, je suis restée assez hermétique à eux. Ils ne me transportaient pas et au contraire avaient plutôt tendance à m’ennuyer. Résultat des courses, si le fond de l’histoire et les personnages m’ont plutôt captivé, la forme m’a parfois un peu perdue et ennuyée. Ce qui fait que je n’ai pas apprécié ma lecture de bout en bout comme ce fut le cas avec les autres titres de Maud Mayeras.

Malgré tout, je salue une fois de plus l’auteure, car elle a vraiment le don de proposer des histoires originales, bien construites et n’hésite pas à aller jusqu’au bout de ses idées, quitte à heurter ses lecteurs. La fin est intéressante et j’ai aimé le parti-pris de l’auteure même si elle m’a semblé un peu trop rapide. De plus, contrairement à ses autres titres qui m’avaient scotché, dans celui-ci, j’avais vu venir toutes les petites révélations que l’auteure distille au gré de son récit.

"Les monstres" est donc loin d’être une mauvaise lecture bien au contraire. C’est un quasi huis clos original et bien écrit, mais ça restera néanmoins le roman de Maud Mayeras qui m’aura procuré le moins de plaisir de lecture. Maintenant, si vous souhaitez lire un roman noir psychologique jusqu’au boutiste et que l’horreur humaine ne vous effraie pas alors tentez l’expérience. Mais si jamais ce roman n’arrive pas à vous convaincre, je vous conseillerai de tenter les autres romans de l’auteure qui selon moi sont différents, peut-être plus "réalistes" et surtout plus addictifs.