Luca - Franck Thilliez

J’avais beaucoup aimé "Sharko", le tome précédent de la saga et en toute logique, j’étais donc pressée de lire la suite et de retrouver une fois de plus Sharko et Hennebelle. Sans surprise, il y a des rappels au tome précédent. La crainte légitime avec ce type de saga avec des personnages récurrents, c’est qu’à un moment, l’auteur s’enlise un peu et ait du mal à se renouveler tant et si bien que la saga s’essouffle.

Ce que j’ai apprécié dans "Luca", c’est que Franck Thilliez a clairement donné plus d’importance à un personnage déjà présent dans de précédents tomes et qu’il a en plus incorporé un nouveau personnage féminin tant et si bien que d’un duo, c’est finalement un quatuor que l’on suit dans ce roman et j’ai trouvé que cela apportait un peu de fraîcheur et de renouveau. Ces deux protagonistes supplémentaires ne sont pas là juste pour apporter de la diversité dans le décor en faisant de la figuration. Non, ils sont vraiment partie prenante dans l’histoire et on va creuser le passé et la psychologie de ces deux personnages ce qui était intéressant. Personnellement, j’ai plutôt hâte de les retrouver dans les prochains tomes et de voir leur évolution.

Sharko aussi évolue. Non seulement il se fait plus vieux, mais en plus, en tant que chef du groupe au nouveau 36 rue du Bastion, il est amené à faire plus de bureau et de "politique" que de terrain et cela ne l’enchante pas toujours, loin de là. C’est un homme qui fonctionne à l’action et à l’adrénaline ce qui est parfois difficilement compatible avec ses nouvelles fonctions professionnelles et personnelles et donne lieu à des dilemmes internes.

Dans "Luca", Thilliez va explorer plusieurs grandes thématiques telles que la Big Data, la bioéthique et la génétique. J’avais un peu peur de la façon dont cela allait être traité et au final, j’ai été agréablement surprise. L’auteur ne se positionne pas en juge ou en alarmiste, mais expose plutôt des faits et amène gentiment le lecteur à se faire ses propres réflexions sur le sujet. Une fois de plus, il remplit parfaitement son job de vulgarisateur qui permet à tout à chacun de comprendre les grandes lignes de ces thématiques, mais c’est certain que lorsqu’on s’y connaît un peu, on peut ressentir un manque de développement et de nuances. Cependant, cela a le mérite de proposer une première approche du sujet au plus grand nombre. Libre à chacun ensuite de creuser le sujet ou non.

J’ai donc beaucoup aimé "Luca" dans son ensemble d’autant que l’écriture de Franck Thilliez est toujours aussi agréable et addictive. Plus travaillée que la plupart des plumes d’auteurs de thrillers page-turner grand public, mais avec pour autant ce petit quelque chose d’addictif et de fluide qui fait qu’on ne voit pas défiler les pages. Malgré tout, j’ai moins aimé ce tome que le précédent, et ce, pour deux raisons.

Tout d’abord, l’auteur a dans cette histoire, tissé de nombreuses ramifications entre plusieurs personnages, sujets et sous-intrigues tant et si bien que parfois, on s’y perd un peu. L’ensemble manque un peu de liant et de logique parfois et m’a donné par moment un sentiment de trop. Ensuite, j’ai été un peu déçue par la fin. Trop rapide et facile à mon goût avec en plus un petit manque de réalisme par rapport à ce qu’il a l’habitude de proposer.

Finalement, j’ai passé un bon moment de lecture. "Luca" associe pour moi très bien divertissement et réflexion en abordant des thématiques plus que jamais actuelles et questionnantes pour l’avenir, mais ça ne restera pas l’un de mes tomes préférés de la saga, car il s’est parfois perdu dans un labyrinthe de ramifications pas toujours nécessaires. Bien sûr, je lirai avec plaisir le tome suivant d’autant que désormais, je suis attachée à d’autres personnages en plus de Sharko et Hennebelle (que je vous laisserai découvrir). Même si tous ses romans ne sont pas égaux, Franck Thilliez reste pour moi une sorte de valeur sûre du polar et du thriller français qui propose une vraie patte et un univers qui lui est propre et auxquels personnellement, je continue à adhérer au fil des années.