Résumé du livre On ne voyait que le bonheur - Grégoire Delacourt
Antoine, la quarantaine, est expert en assurances. Depuis longtemps, trop longtemps, il estime, indemnise la vie des autres. Une nuit, il s'intéresse à la sienne, se demande ce qu’elle vaut vraiment. Par une introspection sans concession, il nous entraîne alors au cœur de notre propre humanité, lui qui ne s’est jamais remis de son enfance, ballotté entre faux bonheurs et réelles tragédies.
Orchestré en trois mouvements, du nord de la France à la côte ouest du Mexique, On ne voyait que le bonheur explore aussi le pays de l'adolescence. Et montre que le pardon et la rédemption restent possibles en dépit de tout.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de On ne voyait que le bonheur - Grégoire Delacourt
Dernier roman qu’il me restait à lire de Grégoire Delacourt. J’étais donc à la fois impatiente et un peu triste de me lancer à l’assaut de "On ne voyait que le bonheur" et si j’ai tout de suite aimé replonger dans sa plume, au départ, j’avoue que j’ai eu un peu de mal avec Antoine, le personnage principal. Au premier abord, ce récit semble raconter à la première personne la vie et le passé d’Antoine, aujourd’hui quarantenaire expert en accidents et sans scrupules, travaillant pour des assurances dans le but de verser le moins possible d’indemnités aux victimes et hier, enfant pas réellement désiré entre deux parents qui ne s’aiment pas vraiment et ainé d’une fratrie dont il se sent exclu. Autant dire que l’ambiance n’est pas des plus joyeuses.
Grégoire Delacourt nous fait vivre les souvenirs et les ressentis d’Antoine au travers d’une plume très instinctive, souvent cinglante avec des phrases courtes mais parfois très percutantes. Malgré tout Antoine apparaît comme un homme peu attachant, bien que l’on comprenne que son enfance n’aie pas participé à l’attendrir. Comme il le dit à plusieurs reprises, il a poussé de travers parce qu’il a poussé sans amour et c’est finalement tout le sujet de ce roman.
"On ne voyait que le bonheur", c’est l’histoire d’une enfance brisée non pas par la violence parentale au sens premier où on l’entend, mais par une violence plus insidieuse, faite de silence, d’abandon, d’absence de mots et de gestes d’amour. C’est un roman qui parle des traumatismes de l’enfance, comment ceux-ci ont tendance à suivre l’adulte qui se construit et qui grandit et comme malheureusement, parfois, la victime de ces traumatismes peut avoir tendance à les reproduire sans même s’en rendre compte. Cette histoire rappelle qu’il ne faut pas minimiser les petites violences invisibles du quotidien qu’un enfant peut subir et qui montre également comment et pourquoi les tragédies peuvent perdurer et se reproduire dans certaines familles. Connaissant désormais le parcours personnel de l’auteur, ce qu’il a pu écrire et découvrir sur sa propre famille par la suite, je me dis que ce texte est né à l’époque déjà d’une résonance profonde avec ses souvenirs.
"On ne voyait que le bonheur" est découpé en trois parties. La première, celle d’Antoine à la première personne est clairement celle qui m’a le moins emballée. Tout simplement parce que je n’arrivais pas à avoir d’atomes crochus avec cet homme malgré son passé douloureux. Cependant, cette première partie se termine sur une scène que je n’avais pas vu venir et qui m’a piqué au vif. Puis la deuxième partie débute. Toujours ce discours à la première personne, mais avec une histoire très différente. J’étais alors curieuse bien qu’un peu déconcertée. Je me suis laissé porter et j’ai commencé à réellement apprécier ce que je lisais. Et enfin, la troisième partie m’a fait l’effet d’une petite gifle. Le narrateur change et apporte un éclairage supplémentaire, un autre regard sur l’histoire, sur le passé, sur la reproduction ou non des traumatismes… C’est sans aucun doute la partie que j’ai préférée de tout le roman.
Alors que "On ne voyait que le bonheur" avait débuté comme un roman contemporain tout ce qu’il y a de plus classique, à un moment, il bascule totalement dans quelque chose de beaucoup plus noir, une sorte de drame moderne dans lequel Grégoire Delacourt décortique les liens familiaux, les sentiments et la mémoire familiale. Et si la première partie qui fut une lecture un peu en demi-teinte pour moi, ne m’aura pas permis d’avoir un coup de cœur pour ce titre, l’auteur a su me surprendre et m’emmener là où franchement, je ne l’attendais pas. De plus, il a su susciter en moi une large palette d’émotions, or, c’est exactement ce que je recherche quand je lis ce type de roman.
Par contre, ayez en tête que le titre peut être trompeur et que dans les faits, c’est une histoire très sombre et un peu plombante. Sachez-le juste avant de le débuter. Pour ma part, "On ne voyait que le bonheur" est un roman qui confirme mon amour et mon attachement à la plume et à l’univers de Grégoire Delacourt, d’autant plus lorsque comme ici, il nous plonge dans les turpitudes et dans les remous des sentiments et de la famille. Une belle réussite dont je vais me souvenir un moment.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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