Résumé du livre Son frère - Philippe Besson
Ils sont deux frères, jeunes encore, réunis une dernière fois face à la mer, face à la mort. Thomas est malade. Lucas l'accompagne pour une ultime escapade sur l'île de Ré, la terre de leur enfance. Un banc au soleil. Entre retrouvailles et chant du départ, chaque minute, désormais, mérite d'être vécue jusqu'au bout.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Son frère - Philippe Besson
Le titre, le résume, tout indiquait que mon petit cœur risquait d’être passé à l’essoreuse et que les émotions allaient être au rendez-vous avec "Son frère". Et contre toute attente, la dose d’émotions fut très largement en dessous de mes attentes. Ce qui ne m’a par contre pas déçue fut de retrouver l’écriture de Philippe Besson. J’aime profondément sa façon de s’exprimer, j’aime la manière dont il agence les mots, dont il raconte la vie ou plutôt les vies, j’aime l’espèce de fragilité et de poésie à la fois qui se dégage de ses récits.
Sans surprise, "Son frère" parle donc non seulement d’une relation fraternelle, mais aussi et surtout de maladie et d’accompagnement de fin de vie. Parce que dès le début, on présent que Thomas, le jeune frère qui souffre d’un mal que les médecins ne savent pas vraiment diagnostiquer, est condamné. Il parle donc de la maladie, mais aussi de la difficulté encore plus grande de l’accepter quand elle fauche quelqu’un dans la fleur de l’âge.
Dans ce roman, le malade est souvent comparé à un prisonnier, privé de liberté, privé de sa vie… Le patient est dépossédé de ses choix et c’est probablement l’un des aspects les plus difficiles de ce type de maladie, ça en plus des douleurs et des transformations physiques, au point que le malade en arrive à ne plus vraiment de reconnaître. "Son frère" questionne bien sûr sur la fin de vie et sur l’acharnement thérapeutique et en cette période durant laquelle le gouvernement vient de voter de nouvelles lois concernant la fin de vie, ce texte avait une résonance toute particulière.
Côté maladie, donc, Philippe Besson n’épargne pas le lecteur. On comprend ce que traverse Thomas, l’injustice, l’incompréhension, la colère parfois et la résignation à d’autres moments. On entr'aperçoit aussi les difficultés pour la famille de faire face, même si ce pan de l’histoire est très survolé pour moi. Après, c’était peut-être un choix de l’auteur de se concentrer surtout sur les ressentis du malade et cela est compréhensible. Il montre aussi comme la maladie peut parfois isoler parce que certaines personnes la fuient sans vergogne parce que la maladie fait peur, c’est une réalité. Comme si le malheur, le coup de pas de chance était contagieux alors vite, il faut fuir ce malade en sursis qui de toutes façons ne peut entrevoir que la mort au bout du tunnel.
J’ai noté aussi que l’auteur n’était franchement pas tendre avec le personnel médical qui est présenté comme compétent mais manquant cruellement d’empathie. Je ne doute pas qu’il y ai effectivement des médecins et soignants qui parce qu’ils ont le savoir de leur côté traitent les malades avec une sorte de supériorité mal placée et de façon parfois presque robotique, mais le problème, c’est que dans "Son frère" tout le corps médical a cette image et j’ai trouvé cela injuste pour tous ces soignants qui dans la réalité font preuve au quotidien d’empathie, de gentillesse et de patience pour celles et ceux qui traversent effectivement ce genre d’épreuve. J’aurais vraiment apprécié que l’auteur nuance les portraits des soignants et leurs réactions. Cela aurait été non seulement plus juste, mais aussi beaucoup plus réaliste.
De plus, j’ai trouvé que le lien soi-disant presque fusionnel entre les deux frères n’était pas assez exploité. On les sent parfois effectivement proches et en même temps, on ressent aussi une sorte de distance constante. Comme si l’auteur n’avait pas osé explorer totalement cette relation fusion elle. De façon globale, j’ai eu le sentiment que Philippe Besson avait comme eu peur de plonger totalement dans cette histoire, d’embrasser complètement cette thématique difficile qu’il a choisi de raconter. On est resté en surface à propos de beaucoup de choses et notamment concernant les personnages. J’aurais vraiment aimé qu’ils soient plus développés car je pense que cela l’aurait vraiment aidé à plus m’attacher à eux et donc à ressentir plus d’émotions.
J’ai aussi ressenti une petite déception personnelle quant à l’île de Ré (qui est pourtant mise en avant dans le résumé). En effet, je lisais aussi ce livre pour être plongée dans l’ambiance et les décors de cette île et finalement, les passages en ce lieu sont trop peu présents à mon goût par rapport à tous ceux à l’hôpital. Vous allez me dire que pour le coup c’est un point très subjectif mais je pense que si les deux avaient été plus équilibrés, cela aurait apporté une autre dimension à ce récit, là encore plus dans le sentiment, le souvenir et la résilience que sur la maladie et la déchéance du corps. J’ai globalement aimé la fin même si elle est un peu trop rapide.
En résumé, si j’aime toujours autant la plume de Philipe Besson, je ressors un peu déçue de cette lecture, car je pensais vraiment qu’avec une telle thématique, elle m’apporterait bien plus d’émotions. J’ai été bien plus touchée par d’autres romans de l’auteur et cela est dû, je pense au fait que dans "Son frère", les personnages et les liens entre eux ne sont pas assez développés. Malgré tout, je continuerai bien sûr à lire avec plaisir les romans de Philippe Besson.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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