Trouble vérité - E. Lockhart

C’est le second roman de E. Lockhart que je lis et une fois de plus, alors qu’en théorie, ce n’est pas forcément une auteure faite pour moi, et bien, j’ai beaucoup aimé ma lecture. J’ai retrouvé certains marqueurs déjà présents dans son roman "Nous les menteurs" comme le fait qu’il y soit beaucoup question de mensonge et d’apparence, que l’on évolue dans un milieu américain très aisé et qu’une partie de l’histoire se déroule sur l’île de Martha Vineyard. J’ai donc très vite renoué avec le style de l’auteure que je trouve plutôt efficace et entraînant avec un maniement du suspense assez juste. 

L’originalité de ce titre réside principalement dans le fait que la majeure partie de l’histoire est racontée à rebours. Une construction qui peut paraître un peu déstabilisante au départ, mais qui permet de ménager le suspense et de découvrir au fur et à mesure le personnage de Jule et sa relation particulière voire carrément toxique avec Imogen. 

Dans la postface de "Trouble vérité", E. Lockhart dit très clairement qu’elle s’est grandement inspiré de plusieurs romans pour écrire celui-ci, tels que "Les grandes espérances" de Charles Dickens ou encore "Le talentueux M. Ripley" et c’est clair que pendant toute ma lecture je n’ai eu de cesse de penser au talentueux M. Ripley. On est clairement sur le même type de personnage, antihéros et très intelligent, prêt à tout pour arriver à ses fins et avec une envie d’ascension sociale dévorante. 

Jule n’est pas un personnage attachant (d’ailleurs, aucun dans ce roman ne l’est.) mais elle est complexe et j’ai aimé essayé de décortiquer sa psychologie et comprendre ce qui avait pu la façonner pour qu’elle devienne la jeune femme qu’on suit. "Trouble vérité" est donc un roman qui parle de relation toxique, de mensonges, de manipulation, mais aussi d’apparence, d’envie et de rage. Une rage de vivre, une rage de posséder coûte que coûte et une rage de se réinventer pour fuir une vie non désirée. 

"Trouble vérité" est un roman que j’ai trouvé bien plus complexe qu’il n’y parait au premier abord et dans lequel les personnages ne sont ni tout blancs ni tout noirs. C’est la seconde fois que E. Lockhart me surprend en bien et j’en suis absolument ravie. J’aurais néanmoins quelques reproches à faire quant à la fin qui pour moi manque d’un peu de substance et de réponses. Effectivement, certains questionnements que j’avais sont restés en suspens. Ce n’est pas tant le fait que ce roman se termine sur une fin plutôt ouverte qui m’a posé problème, mais vraiment le fait que pour moi, certains éléments, notamment concernant le passé de Jule, n’aient pas été développés alors qu’ils auraient dû l’être pour rendre cette histoire plus crédible et terminer d’édifier la légende du personnage. 

"Trouble vérité" fut donc pour moi une très bonne lecture, différente de "Nous les menteurs" et un peu moins poignante mais tout autant agréable. C’est aussi un roman qui pourrait tout à fait convenir à des lecteurs adolescents qui souhaiteraient se lancer doucement dans le roman noir et le roman à suspense. Une chouette lecture qui me conforte dans mon envie de continuer à lire cette auteure sur laquelle pourtant, au départ, je ne misais pas beaucoup. Comme quoi, parfois, il est bon de dépasser ses préjugés.