Iboga - Christian Blanchard

"Iboga" est véritablement un petit coup de cœur auquel je ne m’attendais pas. Je ne sais pas pourquoi, le résumé m’avait laissé imaginer un roman assez classique et pour tout dire, j’avais vraiment du mal à sortir ce livre de ma pile à lire parce que finalement, il ne me tentait pas plus que ça. Mais grâce à une lecture commune, je me suis "forcée" à le lire, et comme j’ai bien fait ! 

J’ai été totalement surprise par ce roman que j’ai trouvé à la fois original, assez poignant et bien écrit. Je n’avais jamais rien lu de Christian Blanchard, je ne savais donc pas à quoi m’attendre. Et si j’avoue qu’au début de ma lecture, j’ai été un peu déroutée par un style un peu haché, avec des phrases parfois très courtes, finalement, je me suis laissé happer par l’écriture. Une écriture addictive qui donne envie de tourner les pages encore et encore et qui rend bien compte du tumulte qui bouillonne dans la tête de Jeff. 

Parce que ce roman, alors que je m’attendais à lire un thriller bateau, est en fait presque plus un roman contemporain, hyper intimiste, qui va nous faire vivre de très longues années dans la tête d’un tueur. En effet, Jefferson est tout d’abord condamné à mort puis gracié et sa peine est donc commuée en peine à perpétuité. 

Ce roman est donc un huis clos, écrit à la première personne, dans lequel Jeff va revenir sur son passé, de son enfance à sa rencontre avec son mentor en passant par ses errances et ses crimes. Il va également nous faire part de ses angoisses, de ses peurs, de ses espoirs et aussi de sa rage. 

Vraiment, je ne m’attendais pas à être autant bouleversée et à ressentir autant de choses en lisant ce livre. Là où Christian Blanchard est fort c’est dans le fait que, bien que dès le début il est clairement dit que Jefferson a tué des gens, malgré tout j’ai eu de l’empathie pour lui. C’est un sentiment assez bizarre et un peu désagréable parce qu’on se dit que ce type d’individu ne peut être que détestable, mais il a réussi à lui redonner toute son humanité dont tant de gens ont tenté de le dépouiller.

C’est donc un très beau roman qui amène le lecteur à réfléchir sur la liberté, sur le destin, mais aussi sur la question des prisons. Ce livre est presque une sorte de roman initiatique, d’un homme qui va se découvrir ou se redécouvrir, littéralement enfermé entre quatre murs. Tous les personnages sont bien écrits que ce soient Jeff ou encore les matons. J’ai adoré la relation qui se noue entre Jeff et Jean. En fait, alors que cette histoire aurait pu rapidement tomber dans quelque chose de très manichéen, l’auteur a su la traiter avec beaucoup de finesse et c’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé. 

La fin est pour moi très réussie également, cohérente avec le reste du récit. Pour ce qui est de la question du suspense, ne lisez pas ce roman pour ça. Oui, il y a une toute petite part de mystère, mais sincèrement, ce n’est absolument pas le propos ni l’intérêt premier de ce livre. 

En résumé, c’est donc un roman assez court, qui se lit très vite et qui nous plonge de façon surprenante dans l’univers carcéral, mais aussi dans la tête et le passé d’un enfant puis d’un homme à qui la vie n’a pas épargné grand-chose et qui se perd pour peut-être mieux se retrouver. Un très beau roman et une très belle surprise que je garderai en tête un petit moment, je pense. Jefferson est ce type de personnage capable de marquer un lecteur dans la durée et c’est donc avec beaucoup de plaisir de j’espère découvrir par la suite d’autres livres de Christian Blanchard, car s’ils sont tous aussi qualitatifs, cela me promet de très beaux moments de lecture à venir. Un petit coup de cœur que je ne peux que vous recommander !