Résumé du livre L'homme peuplé - Franck Bouysse
Harry, romancier à la recherche d’un nouveau souffle, achète sur un coup de tête une ferme à l’écart d’un village perdu. C’est l’hiver. La neige et le silence recouvrent tout. Les conditions semblent idéales pour se remettre au travail. Mais Harry se sent vite épié, en proie à un malaise grandissant devant les événements étranges qui se produisent. Serait-ce lié à son énigmatique voisin, Caleb, guérisseur et sourcier ? Quel secret cachent les habitants du village ? Quelle blessure porte la discrète Sofia qui tient l’épicerie ? Quel terrible poids fait peser la mère de Caleb sur son fils ? Entre sourcier et sorcier, il n’y a qu’une infime différence.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de L'homme peuplé - Franck Bouysse
Il est vrai que les dernières lectures que j’avais fait de Franck Bouysse ne m’avait que moyennement emballée voire m’avaient même déçu pour certaines, mais quel bonheur ce fut de lire "L’homme peuplé" ! Avec ce titre, j’ai retrouvé le Franck Bouysse des débuts, celui qui avait immédiatement su me séduire et me parler avec sa plume poétique, juste, dure et caressante à la fois et avec ses histoires de gens et de terroir pleines de noirceur, mais aussi de quelques éclats lumineux.
J’ai absolument adoré "L’homme peuplé". Comme souvent avec cet auteur, on se retrouve avec un nombre très restreint de protagonistes et avec des personnages taiseux, qui protègent leur jardin secret et qui se battent avec les ombres du passé et c’est vraiment tout ce que j’aime chez lui. Une fois encore, il m’a totalement plongé au cœur de ce petit village du centre de la France où il ne se passe pas grand chose et où à la fois tout le monde se connaît.
Franck Bouysse parle de la ruralité comme très peu d’auteurs savent le faire. Il sait extraire des campagnes toute leur essence, ce qui fait la beauté, mais aussi la misère de ces petits coins reculés. Il a su capter et retranscrire la nature profonde des gens qui la peuplent. Des gens qui ont été façonnés par la rudesse des hivers, la transmission des générations passés, les croyances plus ou moins mystiques, la solitude, le poids des silences, mais aussi par la beauté et la simplicité de la nature et de la vie qui les entoure. Tout cet univers me parle d’autant que l’auteur sait sublimer ses idées par une plume belle, délicate, précise qui dépeint à merveille les gens et les sentiments, la beauté et la mélancolie.
Pour moi, "L’homme peuplé" est un concentré de ce que Franck Bouysse fait de mieux. Les personnages sont parfaitement campés, si réalistes qu’ils en deviennent vivants. L’ambiance est là et il a su jouer avec les temporalités et les différences de points de vue pour proposer un récit qui, bien qu’il soit lancinant et un peu monotone par certains aspects n’en reste pas moins énigmatique et entrainant. J’ai trouvé que certaines phrases étaient d’une beauté et d’une poésie folle et que la plupart renfermaient surtout une véracité terrible.
Je pense que j’ai tout aimé dans ce roman que ce soit l’amorce, le déroulé ou encore la fin qui apporte une petite note de surprise, mais aussi de luminosité et d’espoir. J’admire Franck Bouysse lorsqu’il écrit ainsi, car pour moi il devient alors une sorte de poète du simple, un chef d’orchestre de la ruralité qui ouvre à tous un monde sur lequel la plupart des auteurs ne s’attardent pas et qui pour autant a bien plus je pense à offrir qu’il n’y paraît. On retrouve dans ce texte une certaine forme d’art de la solitude qu’on sent que l’auteur maîtrise lui-même personnellement et qui me parle beaucoup.
C’est le premier de ses romans dans lequel il met en scène un écrivain. Bien sûr, cela m’a fait penser à Stephen King, il ne pouvait en être autrement, et je trouve que Bouysse a bien fait de faire ce choix. Il est vrai qu’on pourrait penser que pour un auteur, créer un personnage d’écrivain c’est céder à la simplicité, peut-être même à une certaine forme de fainéantise mais en vérité, je pense que lorsque c’est bien fait, c’est tout le contraire. En effet, il faut selon moi beaucoup de courage, de lucidité et d’honnêteté pour écrire sur sa propre situation d’écrivain avec tout ce que cela peut avoir de difficultés et ne pas tomber dans les clichés sur ce métier de passion. Franck Bouysse a non seulement su créer un personnage d’écrivain qui soit juste, mais aussi qui soit intéressant que ce soit de par son parcours, mais également de par sa situation actuelle et cette sorte de syndrome de la page blanche qui l’habite. De plus, cette figure de l’écrivain apporte une vraie plus-value à l’histoire qui prend tout son sens à la fin du récit.
Bref, vous l’aurez compris, j’ai dégusté ce roman et j’en ai savouré chaque phrase. Jusque-là, je pense que mon roman favori de l’auteur était "Grossir le ciel" mais je pense que désormais, "L’homme peuplé" l’a surpassé dans mon cœur. Avec ce titre, il est allé à l’essentiel, s’est débarrassé de tout le superflu pour ne garder que le plus pur et le plus beau et ainsi faire mouche. Si vous n’avez pas encore lu cet auteur et que vous voulez vous faire une idée assez précise de la beauté et de l’originalité de sa plume, alors foncez sur ce titre assez court qui le représente à la perfection. Pour ma part, c’est un énorme oui, c’est un beau coup de cœur et j’espère vraiment que mes prochaines lectures de lui seront dans la même veine que ce petit bijou de roman noir rural.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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