Petits meurtres entre voisins - Saskia Noort

Il y a quelques années de ça, j’avais lu un roman de Saskia Noort intitulé "Retour vers la côte" que j’avais plutôt apprécié dans le genre petit thriller domestique même si certains points étaient largement perfectibles et pour faire simple, j’ai eu exactement le même ressenti avec "Petits meurtres entre voisins". Le principe de base de ce livre ? Un petit groupe d’amis, tous voisins, tous aisés et surtout, tous très fortement attachés aux apparences et à leurs petits ou gros secrets. Oui, c’est clair qu’à la lecture de ce roman, j’ai eu une sensation de Cluedo ou encore de roman huis clos d’Agatha Christie à la sauce Desperate Housewives.

Le problème, c’est qu’avant de lire ce titre, j’avais déjà lu "Petits secrets, grands mensonges" de Liane Moriarty et si on est sur le même type de roman, le même concept de base, j’ai trouvé que "Petits meurtres entre voisins" était clairement bien moins réussi. Tout d’abord, l’une des choses qui m’a posé problème, c’est que j’avais beaucoup de mal à m’y retrouver dans les temporalités. En effet, le roman s’ouvre sur un incendie et la découverte d’un corps et suite à cela, on va avoir des chapitres post incendie, mais aussi d’autres qui se passent avant, à la suite de l’installation de la narratrice dans ce village près d’Amsterdam. Et aucun système n’est mis en place pour que l’on sache dans quelle temporalité on se trouve ce qui fait que ma lecture était parfois brouillonne et fastidieuse.

Ensuite, pour ce qui est de l’ambiance, je dirais qu’on est bien plongé dans cette banlieue aisée faite d’apparence et de faux-semblants. Pour ça, c’était très réussi. Par contre, j’aurais aimé beaucoup plus me sentir en Hollande, or là ce n’était pas du tout le cas. L’empreinte du pays n’est absolument pas développée hormis le fait qu’ils se déplacent très souvent à vélo.

Avec "Petits meurtres entre voisins" on est vraiment dans du pur thriller domestique. Le nombre de personnages est assez restreint et pourtant par moment, j’avais un peu de mal à me souvenir de qui était qui. L’enquête est menée en majeure partie par l’une des voisines qui est également la narratrice de l’histoire et un tout petit peu par une femme flic mais l’auteure aurait mieux fait de totalement se passer de ce personnage parce qu’elle semblait tout sauf crédible. Que ce soit dans sa façon de parler ou d’agir, ça sonnait faux et s’en était presque risible par moment. L’histoire en elle-même n’est pas désagréable, globalement, je me suis plutôt bien prise au jeu d’essayer de comprendre qui était la personne qui tirait toutes les ficelles, mais pour moi, cette histoire manquait de crédibilité.

Il y avait aussi parfois un problème dans certains dialogues qui me semblaient trop peu réalistes. Est-ce un problème de traduction ? Je ne saurais le dire. L’autre problème que j’ai eu avec ce titre, c’est que les différents protagonistes étaient très peu attachants voire carrément antipathiques pour certains. Contrairement à "Petits secrets, grands mensonges" dans lequel j’avais aimé le trio central de femmes que j’avais toutes apprécié pour une raison ou une autre, ici j’ai détesté toutes les femmes présentées, je me fichais bien de ce qu'il pouvait leur arriver et était donc assez peu investie dans ma lecture. Globalement, j’ai d’ailleurs été peu touchée et intéressée par ce milieu bourgeois, même si je reconnais que l’ambiance pouvoir, argent et apparences est assez bien réussie.

À noter aussi qu’il est très souvent fait mention dans "Petits meurtres entre voisins" d’alcool. À croire que tous les adultes passent leur temps à picoler bien qu’ils aient tous des enfants à charge. Il y a également de nombreuses scènes bizarres, dans lesquelles entre autres, il est question de sexualité et j’avoue que ces moments m’ont un peu fait lever les yeux au ciel et ont participé au manque de crédibilité que j’ai noté ainsi qu’au cliché "les riches sont tous borderlines". Enfin, j’ai également été un peu déçue par la fin que j’ai trouvée somme toute prévisible, classique et un peu facile.

En réalité, en soit ce ne fut pas une lecture pénible, au contraire. La plume est assez simple et fluide et le roman n’est pas long donc ça se lit assez vite est bien. Ce qu’il y a, c’est que si comme moi, vous avez déjà lu pas mal de thrillers domestiques et notamment des titres très réussis tels que "Petits secrets grands mensonges", ce roman-là risque de vous sembler en comparaison bien fade et une peu bancale. Pour moi la psychologie n’est pas assez poussée, les protagonistes sont trop caricaturaux et Saskia Noort m’a semblé aller au plus facile côté scénario.

Je pense que "Petits meurtres entre voisins" est un roman qui peut plaire aux lecteurs peu habitués du genre qui souhaiteraient découvrir en douceur les thrillers domestiques, mais pour ma part, je trouve que dans le genre, il existe des titres bien plus qualitatifs.