Résumé du livre Tu tueras le père - Sandrone Dazieri
Non loin de Rome, un homme affolé tente d'arrêter les voitures. Son fils de 8 ans a disparu et le corps de sa femme gît, décapité, au fond d'une clairière.
Le commissaire Colomba Caselli ne croit pas au drame familial et fait appel à un expert non conventionnel : Dante Torre. Aussi ironique que paranoïaque, il n'est pas un spécialiste en disparitions d'enfants pour rien. Kidnappé à l'âge de 6 ans, il a grandi enfermé dans un silo à grains avant de parvenir à s'échapper. Pendant des années, son seul contact avec l'extérieur a été son mystérieux geôlier, qu'il appelle "le Père". Et Dante en est sûr aujourd'hui : le Père est de retour...
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Tu tueras le père - Sandrone Dazieri
Je lis très peu de thrillers et polars italiens. J’ai tendance à plus me diriger vers les productions espagnoles, mais je vais peut-être revoir un peu ma position, car "Tu tueras le père" m’a dans l’ensemble vraiment convaincue. Alors soyons clairs, ce titre est un petit pavé, dans lequel on fait pas mal de détours, qui comporte de nombreuses ramifications et où l’enquête piétine souvent ou alors prend de mauvais chemins donc ce n’est pas un roman que je qualifierais de page-turner. C’est une histoire dense, aux thématiques plutôt noires tout en gardant un côté très réaliste.
Au tout début de ma lecture de "Tu tueras le père", je n’aurais jamais imaginé que ce roman puisse déboucher sur les thématiques qu’il aborde au final (que je ne divulgâcherai donc pas) et j’ai trouvé qu’elles étaient très intéressantes et plutôt originales. J’ai aimé qu’à travers "Tu tueras le père", l’auteur présente un fait réel qui m’a donné envie de creuser la question par moi-même. Le style d’écriture de Sandrone Dazieri est plutôt équilibrée. On a pas mal de dialogues qui rythment bien l’ensemble et l’auteur sait ménager le suspense même si j’aurais aimé peut-être un peu moins de retournements de situation.
Je tiens par contre à noter que même si dans l’ensemble, l’écriture de Dazieri reste largement abordable pour tous les lecteurs, il y a néanmoins dans ce livre un chapitre que j’ai trouvé très original dans sa narration, mais qui je pense, risque de heurter les lecteurs un peu sensibles. En effet, dans ce chapitre, l’auteur raconte dans le détail et au ralenti l’explosion d’une bombe artisanale dans un restaurant, comment elle se décompose, comment se comporte l’onde de choc, ce qu’elle crée et bien sûr les dégâts qu’elle engendre. On y apprend en détail comment les corps exposés à ce type d’engins se disloquent littéralement. J’ai trouvé ce chapitre très difficile à lire, car la manière dont cela est écrit, est très visuelle, mais en même temps, je ne peux nier que c’est aussi très original. Jamais de ma vie de lectrice, je n’avais lu une narration comme celle-ci.
L’ambiance est très bien travaillée, l’ombre du Père plane sur tout le roman et petite cerise sur le gâteau, l’auteur a réussi à me piéger et à me surprendre sur la fin. Au-delà de l’enquête qui ne cesse d’évoluer au cours du l'histoire et de l’ambiance sombre et oppressante, ce que j’ai surtout grandement apprécié dans ce livre, c’est le duo formé par Dante et Colomba. Ce sont pour moi ces deux personnages qui portent littéralement tout le roman et qui lui donne cette épaisseur, ce relief qui fait que d’un "simple" roman policier, on passe sur une histoire mémorable. Ce duo n’était pas sans me rappeler le duo Blomkvist / Salander de la saga Millenium.
De façon globale, j’ai trouvé que Sandrone Dazieri avait écrit une sorte de revisite de Millenium à la sauce italienne. Que ce soit dans l’enquête, dans le fonctionnement du duo ou dans les personnalités même des deux protagonistes principaux, les deux romans ont de nombreux points communs selon moi et baignent un peu dans la même ambiance.
J’ai beaucoup aimé ces deux personnages, leur complicité, leur attachement, la sorte de symbiose qui se crée entre eux. Si j’ai apprécié Colomba, car elle ne correspond pas au stéréotype de la femme flic que l’on rencontre souvent, j’ai surtout eu une sorte de coup de cœur pour Dante. J’ai trouvé que c’était un personnage à la fois original et très complexe. J’ai apprécié non seulement son vécu et son passé qui ont créé chez lui cette fêlure profonde et qui lui provoquent de terribles crises d’angoisse qui le paralysent parfois, mais aussi toute sa capacité de réflexion et de connexion et son immense savoir qui m’ont pas mal rappelé le personnage de Sherlock Holmes de la série du même nom. C’est un personnage qui présente un côté non-chaland et souvent ironique et désinvolte qui tente de masquer l’enfant profondément blessé enfoui en lui. J’ai trouvé Dante très intéressant et profondément touchant et c’est clair que si j’ai envie de lire les tomes suivants de cette saga, c’est en très grande partie pour pouvoir renouer avec ce duo que j’ai adoré et auquel on apprend vraiment, en tant que lecteur, à s’attacher au fil des pages.
Petit bémol par contre pour ma part concernant les autres personnages. En effet, ceux-ci avaient un peu tendance à se mélanger dans mon esprit et j’avais parfois du mal à me souvenir de qui était qui. Malgré parfois quelques longueurs et quelques détours dans l’enquête que je ne trouvais pas nécessaires, "Tu tueras le père" reste une histoire que j’ai beaucoup aimée, aux thématiques de fond originales, le tout porté par un duo mémorable et attachant. J’ai donc hâte de découvrir le tome suivant même si je sais qu’il va me demander aussi un certain temps de lecture, mais ce sera autant de temps passé en compagnie de deux personnages qui sont entrés dans mon palmarès des personnages que j’aime tout particulièrement.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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