Des fleurs pour Algernon - Daniel Keyes

Aïe. Je sais que "Des fleurs pour Algernon" fut encensé par la critique et que bon nombre de lecteurs ont adoré ce roman, mais pour ma part, je dois reconnaître que de façon globale, ce fut plutôt une déception. J’en suis la première peinée, car j’attendais beaucoup de ce livre, j’étais très curieuse de le découvrir et s’il y a plusieurs choses que j’ai apprécié dans cette histoire, je dois reconnaître qu’il y en a d’autres qui m’ont dérangé et qui n’ont pas rendu cette lecture agréable ni captivante. 

Tout d’abord, il faut savoir que les premiers chapitres demandent une certaine gymnastique cérébrale. En effet, "Des fleurs pour Algernon" est une sorte de journal intime tenu par Charlie qui au début a un QI bien inférieur à la moyenne et qui par conséquent écrit un peu comme il entend. Résultat des courses, cela correspond parfaitement à l’histoire et est totalement immersif, mais en tant que lecteur, il n’est pas toujours évident de décrypter des pages écrites avec de nombreuses fautes d’orthographe et une syntaxe plus qu’approximative. Malgré tout, même si ce style est déroutant, il ne m’a pas gêné outre mesure, car j’ai trouvé le procédé intelligent et plutôt bienvenu. 

De plus, il permet de clairement comprendre et de voir l’évolution intellectuelle de Charlie. Donc, hormis ce petit temps d’adaptation visuelle, j’ai beaucoup aimé tout le début du roman. La rencontre avec Charlie et sa vision très naïve et assez douce du monde qui l’entoure et ne lui veut pas que du bien, au contraire, était très touchante. Très vite, j’ai donc eu de l’empathie pour lui et puis, au fur et à mesure que Charlie gagne en intelligence, je me suis détachée de lui. 

En effet, en devenant de plus en plus intelligent, Charlie va également devenir plus arrogant et moins emphatique avec les autres. Parce que si sa capacité de réflexion grandit de façon exponentielle, sa maturité émotionnelle et affective, elle ne suit pas, ce qui crée un décalage et parfois des incompréhensions chez ce personnage. Charlie mise finalement presque tout sur l’intelligence et les recherches afin de comprendre ce qui lui arrive et au niveau de la narration, ça se traduit par des passages beaucoup plus froids et scientifiques, qui ne me touchaient pas, et même m’ennuyaient un peu parfois. 

De plus, je crois que j’ai été un peu déçu par le peu de moments relatifs à Algernon. Je m’attendais aussi à ce que le lien entre Charlie et Algernon soit bien plus développé puisqu’on retrouve tout de même le nom de cette souris dans le titre. Je crois que j’avais fantasmé une sorte de Mister Jingles bis et cela m’a apporté une petite forme de déception.

En fait, j’ai ressenti une grosse lassitude dans ma lecture pendant toute cette partie du roman où Charlie est finalement devenu intelligent pour retrouver de l’intérêt sur la fin. Une fin assez terrible mais plutôt réussie. Malheureusement donc je n’aurais pas tant de choses que ça à dire sur "Des fleurs pour Algernon" , car l’alchimie n’a pas opéré entre lui et moi. Je comprends que ce titre ait fait grand bruit et que de nombreux lecteurs l’ai adoré, surtout par la réflexion qu’il apporte mais je me suis trop ennuyée pour dire que j’ai aimé ce roman. J’avoue que l’avais hâte d’en voir la fin. 

Je pense qu’il m’aura manqué une dimension émotionnelle plus importante pour que je sois plus impliquée dans ma lecture. C’est ainsi. Je me souviendrai tout de même un moment de Charlie parce que c’est un personnage qui ne peut que laisser sa trace chez le lecteur, mais je garderai aussi le souvenir d’une lecture parfois un peu fastidieuse. Un loupé pour ma part. Tant pis !