La route - Cormac McCarthy

Cela fait longtemps que j’entends des éloges concernant "La route" de Cormac McCarthy et c’est clairement ce qui m’a donné envie de lire ce roman. Malheureusement, pour moi, cette lecture fut une petite déception.

"La route" est donc un pur roman de type post-apocalyptique puisqu’on y suit un père et son fils qui n’ont de cesse de se déplacer dans l’espoir de trouver de la nourriture et pourquoi pas un endroit plus paisible où se reposer. On ne sait à aucun moment clairement ce qui est arrivé. On comprend qu’il a du peut-être y avoir une sorte d’énorme incendie puisque tout semble recouvert d’une couche de cendre en permanence, que les animaux et la végétation sont tous morts ou presque. Et bien que l'intrigue et le postulat de départ soient très intéressants, en fin de compte, ce roman n’a à aucun moment su m’embarquer et me captiver comme je l’espérais.

Pourtant, je partais vraiment dans l’idée d’adorer ce livre, d’y ressentir une foule d’émotions, et même potentiellement de pleurer toutes les larmes de mon corps, mais les Kleenex n’ont pas servi. En fait, je crois que ma plus grosse déception vient vraiment de ce point-là, du fait que j’attendais de cette lecture qu’elle me fasse vibrer, qu’elle me fasse vivre des émotions et malheureusement, je n’ai rien ressenti ou presque. Pourtant, l’ambiance est réussie. Pour le coup, j’ai très vite ressenti cette ambiance de désolation totale, de fin du monde et également de lutte permanente pour la survie dans un climat de peur constante. Une peur qui ne vient non pas de monstres terrifiants, mais tout simplement de rares autres humains survivants. L’ambiance est donc parfaitement travaillée et rend vraiment tangible cette nouvelle réalité. Elle montre très bien au lecteur ce que le monde pourrait devenir si demain tout devait s’effondrer d’un coup.

Cela étant dit, j’ai eu un vrai souci avec le style d’écriture de Cormac McCarthy que j’ai trouvé très monotone, très froid voire même très stérile. Alors, oui, cela correspond bien à l’ambiance du roman, mais en tant que lecteur, je ne peux pas dire que ce soit des plus agréables à lire et surtout, je pense que très clairement, que cette plume est à l’origine du fait, en grande partie en tout cas, que je n’ai pas ressenti d’émotions. Tout du long les deux protagonistes ne sont jamais personnifiés, jamais appelés par leurs prénoms. Il s’agit toujours du "père" et du "fils" ou du "garçon". Et si cela pourrait participer à donner à "La route" une sorte d’universalité, l’histoire reste très factuelle et donc très vite, on tombe dans un récit froid, fait d’une succession de choses, d’actions, bien souvent répétitives et au-delà de créer parfois un certain ennui, car l’histoire semble tourner en rond, c’est surtout que ça ne permet pas aux émotions de s’exprimer.

Je m’attendais vraiment avant de débuter ce roman, à lire une formidable histoire poignante entre un père et son fils. Alors, oui, je ne dis pas, il y a une scène sur la fin dans laquelle les émotions transparaissent un tout petit peu, mais c’est le genre de scène qui aurait dû me faire pleurer à chaudes larmes, ce qui ne fut pas du tout le cas. On sent que le père est parfois un peu dur avec son fils tout simplement parce que le monde a changé et qu’il doit le préparer à toute éventualité pour pouvoir survivre. Et je comprends totalement ce point de vue, mais j’avais vraiment besoin que par petites touches, l’auteur comme ses personnages baissent un peu leur garde pour livrer ce qu’ils ressentaient, ce qu’ils avaient sur le cœur pour être moi-même touchée et cela n’arrive pas.

Et je comprends totalement ce point de vue, mais j’avais vraiment besoin que par petites touches, l’auteur comme ses personnages baissent un peu leur garde pour livrer ce qu’ils ressentaient, ce qu’ils avaient sur le cœur pour être moi-même touchée et cela n’arrive pas. L’histoire manque cruellement de rebondissement et surtout de moments forts. J’imaginais lire dans "La route" de véritables scènes choc (avec un tel contexte de monde dévasté, il y avait matière et j’avais déjà imaginé des scènes terribles dans ma tête.). Malheureusement, comme je l’ai dit, on reste finalement sur une histoire très monotone et par moment un peu ennuyeuse d’autant que comme on est sur un récit très plat, on ne voit pas où l’auteur veut nous emmener. À aucun moment, je n’ai eu de connexion émotionnelle avec nos deux personnages et c’est vraiment dommage. De plus, j’aurais aimé en apprendre plus sur les personnages pour là encore pouvoir entrer en empathie avec eux. Ces personnages m’ont semblé être unidimensionnels et manquaient vraiment de développement, de passé, de consistance.

En résumé, je dois donc malheureusement dire que pour moi, la lecture de "La route" fut une déception. Comme souvent, lorsque j’attends beaucoup d’un roman, je suis, au bout du compte, souvent déçue. Pour ma part, bien que l’ambiance fût réussie et le contexte de base intéressant, la prose de Cormac McCarthy trop froide et monotone auront eu raison de mon intérêt et m’auront totalement anesthésié le cœur alors que je m’attendais à une explosion de sentiments. Je comprends pourquoi ce titre fut acclamé par la critique (certains n’hésitent pas par d’ailleurs à l’élever au rang de chef d’œuvre) et l’on ne peut pas dire que ce soit mal écrit, mais ce n’est pas le type d’écriture qui sait me toucher et une fois de plus, je pense qu’à tant en avoir entendu d’éloges, je m’attendais à autre chose et j’en avais peut-être des attentes trop élevées. Je tenterai néanmoins d’autres romans de Cormac McCarthy afin de savoir si son style d’écriture est toujours ainsi ou si ce fut un exercice auquel il s’est astreint dans ce livre pour coller au contexte et à son histoire.