Les démoniaques - Mattias Köping

Une sacrée claque. Voilà l'effet que m'a fait "Les démoniaques". Depuis le temps que j'entendais parler de Mattias Köping, je me suis enfin jetée à l'eau. Je savais qu'en me lançant dans ce roman, j'allais lire du très, très noir et effectivement, ce que j'ai trouvé dans ce livre est d'une noirceur et d'une violence sans nom, mais ce fut aussi un très bon roman pour moi malgré tout.

Pourquoi ? Parce que la plume de Mattias Köping est d'un réalisme cru mais diablement efficace. C'est un roman noir pour public averti, je tiens à le préciser. Il y est question de prostitution de mineurs, de trafic d'êtres humains, de viol, de violence sexuelle, d'inceste ou encore de drogue pour ne citer que ces thématiques-là.

L'auteur ne nous épargne rien dans la description de certaines scènes, mais c'est aussi ce qui en fait un roman poignant et malheureusement, criant de réalisme. On sait tous que ce genre de chose, de familles et d'organisations existent, mais on a tendance à occulter, car cela est bien trop abject pour un cerveau normalement constitué. Or là, Mattias Köping fait le choix de nous mettre face à une vérité crue à glacer le sang qui nous terrorise. Si vous voulez plonger dans du glauque réalise, porté par des personnages qui représentent la lie de notre humanité alors ce roman est fait pour vous !

En terme de personnages, soyons clairs, aucun ne respire le bonheur ni la santé mentale, mais certains apportent une note d'espoir et surtout, "Les démoniaques" est pour moi, porté par le personnage central de Kimy, une adolescente au passé affreux, qui est loin de toujours faire les bons choix, mais qui est animée par une soif de vengeance infinie et qui rend cette histoire palpitante pour le lecteur. Car ce roman est en fait, et surtout, une histoire de vengeance qui tient le lectorat en haleine.

Ce que j'ai aussi aimé dans la plume de Mattias Köping, c'est qu'au milieu de toute cette noirceur, il a su y glisser quelques détails et instants furtifs de douceur ou en tout cas, d'instants attendrissants et touchants qui viennent contraster son roman. Les personnages m'ont semblé tous ultra réalistes (malheureusement pour certains) et j'ai aussi aimé que l'action se déroule non pas au cœur d'une cité dans une grande ville, mais dans une campagne paumée. Parce qu'il ne faut pas croire que ce genre de chose ne se passe que dans les grandes villes et là encore, j'ai trouvé le choix de l'auteur, judicieux et réaliste.

"Les démoniaques" est un roman donc très glauque, très violent, qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui ne peut que marquer les lecteurs qui le lisent. Pour ma part, c'est certain, je me souviendrai longtemps de cette histoire et j'irai même plus loin en disant que je me souviendrai longtemps du premier et du dernier paragraphe de ce roman, tous deux extrêmement marquants pour des raisons différentes.

Je crois que cette lecture est pour moi un petit coup de cœur. En tout cas, Mattias Köping a su me proposer quelque chose de différent, pas tant dans le choix des thématiques, car en soi, elles ne sont pas non plus très originales, mais vraiment dans la manière de les traiter et de les mettre en scène. Une plume très dure, mais que je retenterai sans hésiter. Maintenant que je sais à quoi ressemble son univers, j'ai à la fois hâte de découvrir son autre roman "Le manufacturier" et en même temps, je redoute un peu de savoir dans quelle horreur humaine il va encore m'embarquer.

Pour moi, un auteur à découvrir pour les amateurs de romans noirs mais réalistes, n'ayant pas peur du glauque et des scènes crues.