Les morsures du passé - Lisa Gardner

Voilà encore un tome de la saga D.D Warren et pour l’instant, c’est le meilleur que j’ai lu. Décidément, je trouve que Lisa Gardner tient quelque chose lorsqu’elle parle des traumatismes de l’enfance et de la psychologie enfantine. J’avais déjà apprécié cela dans "Derniers adieux" mais dans "Les morsures du passé" l’enfant, la relation parent/enfant et les maladies mentales qui touchent les enfants sont au cœur du récit. Si je devais résumer ce livre, je dirais que c’est principalement une histoire de liens familiaux et de pédopsychiatrie et ce sont deux thématiques qui me passionnent donc sans surprise, j’ai tout de suite plongé dans ce roman. D’autant plus que le premier chapitre est un chapitre choc qui annonce tout de suite la couleur.

Je trouve que l’auteure s’en est très bien sortie avec ces deux sujets, car elle les a traitées avec beaucoup de réalisme. Cette histoire est construite autour de plusieurs narrations différentes, dont deux à la première personne. L’une est celle d’une survivante de l’assassinat de toute sa famille par son père et l’autre est celle d’une mère qui s’occupe seule de son fils atteint de graves troubles psychiatriques le conduisant à être très violent et mon Dieu que ces deux voix étaient parfois bouleversantes. Parce que tout ce que ces deux personnages racontaient sonnait tellement vrai, tellement juste.

J’ai particulièrement été touchée par les chapitres de Victoria, cette mère qui se bat corps et âme au quotidien pour son fils et qui n’hésite pas parfois à aborder la réalité de son quotidien dans tout ce qu’il peut parfois avoir de cruel et de violent. Parce que même si elle aime son fils du plus profond de son âme et qu’elle a choisi de le garder auprès d’elle, parfois elle est à bout, parfois elle a besoin de souffler quitte à utiliser pour cela des méthodes franchement contestables. Au travers de "Morsures du passé", Lisa Gardner met un coup de projecteur sur le manque criant de moyens de prise en charge efficace et non-maltraitante pour les enfants nécessitant un suivi psychiatrique plus ou moins lourd. Alors, oui, ça se passe aux Etats-Unis, mais le discours et le constat, malheureusement, pourraient être le même en France.

"Morsures du passé" est un roman que j’ai trouvé très fort donc par ses thématiques autour de la famille et de la psychiatrie et c’est finalement bien plus ce pan de l’histoire qui m’a intéressé plus que son côté roman policier. Oui, il y a en parallèle une enquête. Une enquête qui d’ailleurs prend son temps (ce qui n’est pas pour me déplaire), menée par D.D Warren mais franchement, ce n’est vraiment pas ce que je retiendrais de cette histoire.

Pourquoi ? Tout d’abord, parce que l’enquête autour de ces tueries familiales n’apporte en elle-même que peu d’intérêt pour l’histoire. Elle sert pour la fin du roman, mais la fin est clairement pour moi la partie la moins réussie. Je l’ai trouvé très tarabiscotée, peu crédible pour le coup et paradoxalement, trop prévisible pour certains points. S’il y a un gros point noir à ce titre, c’est clairement la fin donc.

Ensuite, l’enquête m’a peu intéressée également car elle était menée par D.D Warren et que, je l’ai déjà dit mais c’est malheureusement toujours le cas, j’ai beaucoup de mal avec ce personnage. Oui, à certains moments, elle peut apparaître comme une femme forte, indépendante et ça, c’est plutôt appréciable, mais je la trouve bien trop froide, trop peu empathique voire parfois franchement limite dans ses propos tant et si bien que j’ai généralement plus envie de la remettre à sa place que de lui dire "Go meuf ! Je suis avec toi !".

En fait, j’ai eu l’impression en lisant "Morsures du passé" que Lisa Gardner s’était presque imposé de rajouter une enquête à cette histoire pour que cela rentre dans les cases du genre qu’elle publie généralement et pour que cela colle avec sa saga policière, mais je suis persuadée qu’elle aurait pu écrire un livre encore meilleur si elle était restée dans un récit type contemporain noir avec cette ambiance psychiatrique et le contexte familial qu’elle explore de plusieurs manières.

Malgré donc une enquêtrice toujours aussi peu attachante pour moi, voire parfois exaspérante, et une fin décevante, j’ai adoré cette lecture de par la force des chapitres racontés par Danielle et Victoria et de par ses thématiques ultra intéressantes et très bien traitées. À défaut d’apprécier D.D Warren, j’espère donc que les autres tomes de la saga présenteront des sujets centraux tout aussi intéressants et poussés qui me permettent malgré tout d’aimer cette série. Un vrai page turner qui vaut la peine d’être lu malgré ses quelques défauts.