Résumé du livre Ensemble, on aboie en silence - Gringe
« Il y avait cet énorme chêne, sur lequel je reproduisais les coups de pied retournés du Chevalier Lumière, pour envoyer un signal aux inconscients qui t’auraient cherché des noises. Il ne pouvait rien t’arriver. Tu avais un frère dans la cour des grands. »
Deux frères. L’un, candide, l’autre, rageur. Quand Thibault fonce, Guillaume calcule. Si Thibault tombe, Guillaume dissimule. En 2001, Thibault est diagnostiqué schizophrène. À cela, un Chevalier Lumière ne peut rien. Sa bascule,
il fallait la raconter. Et aussi la culpabilité, les traitements, la honte, les visions, l’amour, les voyages, les rires, la musique et l’espoir. Alors Thibault a accepté de livrer ses folles histoires. Et ses voix se sont unies à celle de son frère. Contre une maladie qui renferme tous les maux, les clichés, les fardeaux, ils ont livré bataille.
À partir d’une tragédie universelle, ils ont composé un livre où douleur et mélancolie côtoient la plus vibrante tendresse.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Ensemble, on aboie en silence - Gringe
Rarement un titre m’a semblé aussi bien choisi que celui-ci. Je trouve qu’il incarne et exprime parfaitement à la fois toute la poésie, la bizarrerie et la violence dont regorge ce récit. J’étais impatiente de pouvoir lire ce court livre. On m’en avait dit beaucoup de bien et je vais rejoindre le rang des avis très positifs, car j’ai vraiment beaucoup aimé ma lecture de "Ensemble, on aboie en silence".
J’ai plongé dans ce récit que j’ai lu d’une traite, en une journée et je pense que c’est peut-être la meilleure façon de faire. Lire "Ensemble, on aboie en silence" c’est s’accorder deux heures de plongée presque en apnée dans un tourbillon de souvenirs, d’incompréhensions, de disputes, de fracas parfois, le tout parsemé de quelques moments de grâce. J’ai adoré l’écriture de Gringe. Je ne me faisais pas trop de souci de ce point de vue là, car je sais que sa plume est aiguisée depuis un certain nombre d’années, mais j’avais l’habitude de la rencontrer plus au détour de punchlines que d’un récit intimiste comme celui-ci.
Car ce livre est extrêmement intimiste et introspectif. Lors de ma lecture de "Ensemble, on aboie en silence", je ressentais par moment comme cela avait du être douloureux pour l’auteur de coucher tous ces mots sur papier pour partager ses maux profonds. J’ai découvert d’une autre manière un artiste que je connaissais déjà. J’ai eu le sentiment de mieux le comprendre et de voir aussi certaines choses sous un nouveau jour.
J’ai aimé que le récit, bien qu’il s’agisse finalement d’une sorte d’autobiographie partielle à deux, ne soit pas linéaire comme c’est souvent le cas dans ce type de livre. On a plutôt ici un assemblage d’idées et de souvenirs, un bordel organisé qui pour autant a du corps et fini par être cohérent. Et ce joyeux bordel fait parfaitement écho je trouve à la schizophrénie de son frère et au trop-plein de pensée virevoltantes qui semblent bien souvent emplir son esprit. J’ai beaucoup aimé la façon dont Gringe a abordé la maladie. Je trouve qu’il l’a fait avec beaucoup de vérité, mais aussi une certaine dose de pudeur et de poésie sans jamais édulcorer les faits.
Dans "Ensemble, on aboie en silence", le récit est raconté à la première personne, que ce soit dans les chapitres qui parlent de Gringe ou ceux qui relatent des événements vécus par son frère. C’est un peu déroutant, voire perturbant par moment mais en même temps, lorsque l’on voit et que l’on comprend au fur et à mesure de la lecture, à quel point ces deux frères finalement ne font presque qu’un et qu’ils semblent être deux faces d’une même pièce, très différentes et pourtant indissociables, on se dit que c’était le meilleur choix narratif à faire, ou en tout cas le plus cohérent avec la réalité.
Ce livre est certes court, mais n’en est pour autant pas dénué de richesse, que ce soit dans les thématiques traitées comme dans les sentiments qu’il suscite. C’est un récit de vie de deux frères qui n’ont de cesse de se quitter pour mieux se retrouver. C’est un récit qui parle aussi de cette maladie, de la difficulté que cela représente de la comprendre et la vivre, pour le malade en premier lieu, mais également pour l’entourage. C’est un récit qui parle de colère, de culpabilité, de violence, d’incompréhension, de fuite en avant, mais aussi de voyage, d’amour, d’espoir et de différence. Ce livre, c’est, je pense avant tout une formidable déclaration d’amour d’un frère à un autre.
J’avoue que je m’attendais à un récit qui parlerait plus de schizophrénie, qui irait plus en profondeur dans ce qu’est cette maladie, les diagnostics et les traitements. Mais en fin de compte, la maladie est presque un fil rouge, une ombre latente tapie dans l’ombre qui resurgit de temps en temps dans ce récit de vie et de ressenti que j’ai trouvé très touchant et très poétique. Les mots de Gringe m’ont semblé justes et importants.
"Ensemble, on aboie en silence" est vraiment une lecture que je recommanderais si vous aimez les récits de vie poignants, les écorchés vifs, les gens qui refusent de s’enfermer dans des cases et si vous souhaitez comprendre un tout petit peu mieux ce que peut être la schizophrénie à vivre, pour le malade, mais également pour son entourage. Un petit coup de cœur pour ma part que je suis très contente d’avoir découvert.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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